Ça y est ! Sur ce petit mot charmant, mes dicos s'emberlificotent l'étymologie… fallait bien que ça arrive un jour. Pour Robert c'est l'ancien français pute : mauvais, vil ainsi que le latin putidus : puant à quoi l'on ajouta le ain. Pour l'Académie, du pareil au même avec un infime ajout au provençal putan : fille, putain  allez hop dans le même sac comme si de la fille sortait la putain… sont fortiches et vifs en besogne les hommes en vert ! Mon bon vieux Littré est plus complet quoiqu'il faille aller d'abord visiter l'entrée pute pour y lire l'origine tant provençale qu'espagnole (catalan alors cet espagnol ci ?) : puta puis avec un bout de latin forcément : puta, jeune fille et putus, jeune garçon… tiens-tiens, les garçons aussi. Un petit copié de la fin d'article : "dans le plus ancien exemple de l'historique à putain, ce mot ne signifie que jeune fille de service. Par son étymologie pute n'implique aucun mauvais sens, pas plus que garce et il n'a aucun rapport avec l'ancien adjectif put, qui vient de putidus, et qui signifie laid, mauvais, déshonnête."

J'opine direct pour la version Littré dont j'ai tendance à trouver plus de véracité pour la simple raison que dans mon sud putain revient à tout propos dans la conversation à telle ampleur que s'il s'agit de causer des dames de petite vertu comme disait Pépé, on se trouve un peu démuni ; pour le sudiste pute ou putain sont des grossièretés ordinaires qui s'accommodent avec plein d'autres mots : pute borgne m'est assez familier, fan de pute à Marseille, putain de merde ou putain de sort quand ça va mal, putain de quelque chose ou d'un état qui pèse comme putain de métier, putain de famille, etc…… Les rapatriés d'Algérie ont débarqué avec leur accent marrant et des putain de toi, de ta mère ou autre toute la famille y passe, le putain étant échangé avec purée pour les moins délurés.

Il est impayable le père Littré ! Définition de pute : femme de mauvaise vie, bon-bon mais je reviens à putain et ses suites ; putain : terme grossier et malhonnête ; putanisme : terme grossier et malhonnête ; putasser : terme grossier et malhonnête ; putasserie : devinez quoi … terme grossier et malhonnête  ! Grossier, je n'en doute pas et s'il faut comprendre le terme de malhonnête au sens d'impoli, la définition est un poil redondante.

De tout ça, il ressort que gars et fille sont de même et que je ne le savais pas. Une locution qui n'est plus guère usitée : miroir à putain voulait dire jeune homme séduisant… ah ça alors, j'en apprend des choses !

Il semblerait que notre vocabulaire se soit amoindri sur le sujet ; Pépé toujours le même et qui semblait en connaitre un rayon sur la question disait poule de luxe ou cocotte, plus doux et gentils que grue ou le détestable morue. On n'entend plus guère ces mots, les pédants disent péripatéticienne… mouais l'est lointain le rapport à Aristote ! Certes, elles ont un métier assez ambulatoire mais quant à avoir le cœur à philosopher durant leur dur labeur, je doute un brin.

Il semblerait que je puisse utiliser le mot pour qualifier l'activité d'une femme ou d'un homme si j'ai bien compris, moins facile et pas du tout usité côté mâle donc à priori incompréhensible ou sujet à interprétations flottantes.

 

Quelque soit le mot, il reste la chose et j'ai fort tendance à me penser que les filles de joie ne doivent pas rigoler tous les jours comme dit la chanson. Et moins encore aujourd'hui qu'hier avec le retour d'un puritanisme puant qui voudrait que ce métier, le plus vieux du monde parait-il, disparaisse, soit aboli. Vaste programme qui n'adviendra très probablement jamais et si prohibition il y a, ce sont les putes qui vont déguster ; le moralisme bourgeois sera sauf, l'Etat gagnera quelques sous sur le dos du client quand les pandores arriveront à en pesquer un, c'est pas encore gagné l'affaire et puis après quoi ?

Les saintes nitouches attelées à éradiquer ce métier arguent du droit des femmes à disposer de leur corps et que la prostitution est une violence inacceptable faite à la femme ; certes, si c'est sous la coupe d'un salopard de proxénète qui la tabasse, y pique ses sous, la came éventuellement pour l'asservir mieux et durablement puis s'en va tranquille blanchir le pognon ! En ce cas, pourquoi ne pas vouloir s'attacher à lutter contre ces bandits ?

L'argument de base : protéger la pauvre fille étrangère qui se fait avoir par des margoulins prometteurs de monts et merveilles, en fait de quoi elle se retrouve  à se geler les miches sur les boulevards, se fait cogner sans pouvoir se plaindre faute d'existence légale et se fait piquer le fruit de son dur labeur indésiré… Ah c'était donc ça, faut choper l'étrangère… ne serait-il pas plus profitable de démanteler les filières proxénètes ?  Fort heureusement quelques associations s'occupent du cas de ces pauvres filles affreusement victimes, abattent un boulot formidable et quand elles arrivent à leurs fins, la fille aidée reçoit en tout et pour tout une aide temporaire d'attente d'environ 11 € par jour pendant six mois, qui peut vivre avec cette somme journalière aujourd'hui en France ? Pas une députée en tout cas !

Deuxième argument pesant : en taxant le client on fait périr le métier. Quelle blague… tapiner en tapinois grâce à internet est fort aisé et personne ne pourra légalement arrêter un type qui se fait gâter par sa soit-disant maitresse en titre à l'arrière de sa bagnole. Si ça se trouve, une start-up ne va pas tarder à nous pondre une appli de smart-phone qui localisera les professionnelles du quartier !

Le proxénétisme est illégal , pas la prostitution. Les prostitué(e)s le savent bien qui doivent payer des impôts sur le revenu et gare à ne pas se gourer à la déclaration, l'administration fiscale connait les tarifs et la fréquence des passes selon les villes, même pas moyen de truander le fisc.

Bref, les réponses au malheur indéniable des filles (et garçons possiblement) forcées ne sont en rien à la hauteur de la tâche. Nos bonnes apôtresses se drapent dans la dignité du corps féminin mais ça ne suffit pas à faire avaler leur tentative de prohibition qui fonctionnera aussi bien que celle de l'alcool aux Etats-Unis avec les fortunes que l'on sait amassées par des malfrats très violents et bien organisés.

Quant aux personnes qui ont opté pour cette profession, pourquoi donc ne pas recueillir leurs avis ?  Elles sont tout autant que d'autres saines d'esprit et conscientes de leur choix, il serait urgent de prendre en compte ce qu'elles ont à dire de leur métier, les méthodes de protection contre la pègre qui les agréeraient et le moyen de faire tomber les réseaux esclavagistes. C'est toujours la même chanson, l'autorité sait mieux que quiconque, pond de la loi au kilomètre sans se soucier ni des incongruités, ni des dégâts qu'elle va occasionner par morgue ignorance et grand appétit à  régenter.

Aparté : la prostitution légale, plus communément appelée travail, ne gratte aucunement la délicatesse de nos légistes ; être payé une misère contre un travail peu gratifiant, être harcelé moralement, pressuré par un chefaillon, etc… c'est légal, chouette… Putain que ça me pue ces hypocrisies !

Bien sûr que dans un monde idéal, je souhaiterai que les pratiques sexuelles tarifées n'existent pas mais il ne peut l'être, il faut faire avec ses travers ; une des conditions de la réussite d'un plan est de le fignoler avec les intéressé(e)s, c'est mal parti en l'occurrence !

Au delà de cet important sujet, nous glissons insensiblement vers une société puritaine, rigoriste et étroite, c'est fort mal chatouilleux à mon blair de goupil.

Et puis ça m'énerve là ! Fabriquer de la loi pour des faits, phénomènes, affaires de société c'est d'une connerie sans nom… des lois sans esprit aux fins de sanctionner des travers sociétaux c'est bien plus facile que d'instruire évidemment, arf… sans oublier les causes matérielles, la misère sociale qui poussent à un contrefait consentement au métier, les lois sont bien pratiques paravents pour cacher l'incurie étatique à fonder des conditions de vie décentes pour l'ensemble de la population.

 

"Par son étymologie pute n'implique aucun mauvais sens…"  puisque le Littré le précise, pourquoi devrions-nous passer outre la vérité du mot et lui donner un mauvais sens ? Pour mieux incriminer les pratiques sans doute !

J'en ai connu quelques unes de ces dames, poules de luxe ou arpenteuses, quand j'habitais une célèbre petite ville méditerranéenne ; bonnes copines et  bonnes mères …ça vous la coupe hein les bien-pensant(e)s !

1 décembre 2013