Si je devais référer de tout ce que je lis, j'en serai déjà à des dizaines de pages de notes !
Et puis il faut un peu de temps, de recul… et sortir du lot les perles… mes perles dois-je écrire.
Amin Maalouf.
Il est récent académicien, ça ne m'empêche pas de l'apprécier fortement ; il écrit beau sans avoir un style très particulier et ses romans sont des évasions délectables. Il a commis deux essais que je me permets de recommander notamment aux trouillards, aux affolés et aux bas du front (quoique ceux-ci ne lisent pas sinon ils ne le seraient pas, bas du front !) qui ont peur de l'autre, du voisin d'en face, de l'arabe, du musulman ou autre humain de lointaine contrée, cet étrange étranger.
J'ai commencé à l'envers en lisant :
édité en 2010 ; Maalouf de double culture renvoie l'Orient et l'Occident dos-à-dos pour mieux les rêver main dans la main. Il ne mâche pas ses mots ni ses analyses pour mettre tout un chacun devant son Histoire et ses responsabilités mais aussi car cet homme pèse finement son propos, les causes des dérèglements dont il est question et qui sont diverses, multiples et parfois non imputables à l'action humaine : des concours de circonstance dit-on.
Il sera nécessaire éventuellement de mettre à jour ses connaissances en Histoire récente :colonisation-décolonisation et mouvement tiers-mondiste mais pas besoin d'érudition en la matière pour comprendre le propos. Il pose tranquillement des causes, des raisons, esquisse à peine des possibles, il ne se sent pas prescripteur. Un petit livre qui éclaire bien des choses !
Je ne propose pas d'extrait : trop difficile de sortir une phrase du contexte au risque de suggérer un non-sens… et surtout pas sa dernière phrase qui n'est pas une conclusion mais qui n'est pas non plus très optimiste.
Il y a peu j'ai lu :
édité en 1998 ! Soit dix-sept ans avant les attentats de janvier 2015 dans un super machin casher et au siège d'un journal dit satirique à Paris, route sanglante de types qui avaient perdu de vue leurs multiples identités pour n'en garder qu'une, exacerbée dans leur tête farcie par des salopards plus que dangereux comme on le voit tous les jours.
Ce petit essai est un peu plus maladroit (et ouais j'ose écrire ça de Monsieur Maalouf ! Rhoooo, c'te honte…) peut-être parce qu'il a dû dévoiler un peu de lui-même pour étayer son propos.
Peu importe, il est salutaire cet essai. Franchement c'est ce que j'aurai aimé écrire quand la radio nationale nous abrutissait les esgourdes avec les attentats "islamistes" !
Que tous les bons p'tits blancs cossus catho qui ont posé leur p'tit dessin mignon avec une fleu-fleur et deux bougies sur l'autel, ont fait messe et confesse soit-disant laïque derrière un troupeau de dirigeants internationaux dont bon nombre de dictateurs sanguinaires lisent cet essai, ça leur passera l'envie d'être ceci ou cela exclusivement, réduction meurtrière. "Ne pas rire, ne pas pleurer, comprendre" qu'il disait l'autre là, le philosophe… tenter de comprendre et avoir bien des difficultés pour ma part.
Un p'tit extrait… ça devrait tomber sous le sens mais non, il faut quelqu'un pour souligner des évidences :
"Avant de devenir un immigré, on est un émigré ; avant d'arriver dans un pays, on a dû en quitter un autre, et les sentiments d'une personne envers la terre qu'elle a quittée ne sont jamais simples. Si l'on est parti, c'est qu'il y a des choses que l'on a rejetées — la répression, l'insécurité, la pauvreté, l'absence d'horizon."
Sa conclusion est très jolie, imagée et prometteuse… ah qu'il soit exhaussé son vœu !
9 juin 2015