Décor : les seuils d'une vieille bâtisse mal en point dans un petit parc clos à l'orée d'un village
Epoque : XXIème siècle, 22 avril 2012
Acteurs : deux filles, mézigue
Didascalies : faut mettre un peu de conviction dans les dialogues, transcription du véridique en vue de réhabilitation de la goupil qu'est rien d'autre qu'une andouille poilue
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Ah une petite animation pas trop loin de chez mon chez-moi ! Chouette, il fait beau, je m'en vais aller tester mon 50-135 sur les foules en délire, les acteurs qui actent, les badauds et passants qui badaudent et passent. C'est l'exercice qui m'est le plus compliqué, mettre en boîte mes congénères.
Un bon peu de route plus tard, je baguenaude dans ce parc ouvert au public en attendant que ça commence ; on m'a aimablement prévenue d'un léger retard. Mais c'est pas grave ma jolie dame, je suis venue nez au vent, j'ai tout mon temps.
Tiens-tiens-tiens… ça s'agite par là-bas on dirait, j'y file ! Je vais rester plantée là un petit moment mais je m'ennuie. Je suis d'humeur guillerette malgré la luminosité inconstante qui me complique la photographie et n'ai pas envie de me plonger dans l'introspection……
Avantage du plein-air, je m'éclipse sans gêner à la recherche de je ne sais quoi…
Elle a dû être belle cette maison. Une porte de côté à demi-ouverte, un idéal pour m'attirer.
Tant qu'à faire, je vais jeter un œil à l'intérieur.
Un escalier fatigué, de vieux papiers peints, un rideau défraîchi sur la vitre d'une porte ; il y a de quoi faire du cliché dans tous les sens ! Une dame passe et me dit que oui, je peux monter à l'étage, c'est superbe. Ah merci bien !
Mal me pris de vouloir achever des prises de ce rez-de-chaussée avant de monter l'escalier garni des prémices d'une agape à venir.
Un bruit à l'extérieur m'attire, je me retourne et… oh ça alors ! Le bruit n'était rien mais je suis nez-à-nez avec un objet qui n'a plus cours depuis quelques lustres, rencogné entre deux portes ; peu de luminosité et me voici renvoyée au début du siècle précédent.
Le petit écran anachronique m'intrigue mais je ne sais pas ce que c'est.
Passons maintenant à cette porte de couloir qui me plaît bien avec son vieux rideau noué crado.
Et au moment où je déclenche…… une apparition !
Deux filles sur les trois qui se donnaient en spectacle déboulent sous mon nez.
une fille : vous faites quoi là ?
moi : ben, j'ai vu une porte à demi-ouverte alors j'ai jeté un œil…… comme j'aime bien mon œil, je l'ai suivi… et je fais des photos… je m'ennuyais à votre spectacle alors voilà… je suis franche, je préfère faire des photos ici… enfin… j'ai pas compris…
une fille : normal, y a rien à comprendre
moi : ah évidemment… et puis j'ai du mal à faire des photos si ce que mes oreilles perçoivent ne m'attire pas
une fille : ha bon ben oui mais…
moi : …mais je vais monter à l'étage, je vous laisse
une fille : et non, c'est privé ici !
une fille : ouais et puis ça sert de loge alors non, vous montez pas !
moi : ah bon, ben c'est pas grave hein… salut…
M'en fout, je connais le maire, il suffira que je prenne le temps de lui demander la clef ou un accompagnant ou encore mieux, organiser une rencontre de photographes amateurs…… Ah que c'est une idée qu'elle est bonne ! Faudra que j'y pense… à trouver des photographes surtout, dans mon coin paumé !
Pas sympas les filles, qu'est-ce que ça peut leur faire que je monte à l'étage, elles se dépoilent en bas… pas même une petite affichette pour mentionner la privauté des lieux, alors…
Alors… ma pauvre vile goupil…… t'es rien qu'une imbécile me dis-je derechef !!! Pourquoi leur ai-je dit que je m'ennuyais de leur théâtre ? Ce n'est pas comme ça qu'on s'exprime entre gens de bon aloi, quelle andouille je fais ! J'aurais dû arguer que je ne m'attendais pas à ce genre en un tel lieu, que j'étais trop insouciante ce jour-là pour essayer de me porter vers leurs mots, que je n'avais envie que de divertissement, que ce n'était pas le jour pour se rencontrer leur set et moi… un peu plus long qu'un "je m'ennuyais" et tout aussi vrai mais pas blessant comme l'abrupte incongruité que j'ai livré benoîtement !
Il y a des jours comme ça où le manque de nuance fait des dégâts.
Sans le savoir, elles m'ont offert un chouette cliché que j'aime assez pour l'avoir travaillé en un sépia façon mézigue, qu'elles en soient ici remerciées.
25 avril 2012