Ah… réseau !
"Filet destiné à capturer certains animaux"  ou bien "Ensemble de tout ce qui peut emprisonner l'homme, entraver sa liberté, menacer sa personnalité. Réseau d'interdits, d'obligations. Pas mal ces définitions, elles devraient  grandement plaire aux inconditionnels du facedebouque, aux compulsifs du touiter, aux drogués du instagramme et autres lieux virtuels où épancher la part la plus vile et la plus laide de leur l'esprit.
Je suis de plus en plus abasourdie par les conneries écrites sur ces "réseaux" qui peuvent fuser à travers le monde terrestre à la vitesse de la lumière, ce qui me fait souvenir d'une formule marrante : "c’est parce que la vitesse de la lumière est supérieure à celle du son que certains ont l’air brillant avant d’avoir l’air con"… qui est l'auteur de cet aphorisme comique ? je ne sais pas mais je lui sais gré de me laisser l'emprunter.
N'ayant aucunement ouvert de compte sur ces moyens "d'emprisonner l'homme", je me contente de lire parfois au détour d'un article ou en cliquant bêtement sur un lien ce qui se raconte… affligeant, navrant, désolant, consternant… et j'en passe !
Comme je préfère les livres au côtoiement de mes contemporains sur le "filet destiné à capturer" et en farfouillant dans les piles, je suis tombée sur une vieille perle : Henry-David Thoreau - La vie sans principe - première édition 1863… ah oui quand même… ça date… et comme le temps passe… et comme rien ne change de la bêtise humaine…
Il écrit : "… Par pitié, vivons sans être tirés par des chiens, comme des esquimaux, trainés par monts et par vaux, et se mordant mutuellement les oreilles.
Ce n'est pas sans être parcouru par un léger frisson devant le danger encouru, que je m'aperçois souvent que j'ai été proche de laisser entrer dans mon esprit des détails de quelque affaire triviale qui alimente les nouvelles de la rue. Je suis surpris de constater que les hommes de bonne volonté laissent leur esprit se vautrer dans de telles ordures, autorisent des rumeurs oiseuses et des incidents des plus insignifiants à faire intrusion sur un terrain qui ne devrait être consacré qu'à la pensée. L'esprit deviendra-il une arène publique, où l'on ne débat pour l'essentiel que des affaires de la rue et des ragots du salon de thé ?…"
Et voilà… tu changes  les mots "rue" par facedebouque, "salon de thé" par un autre support du même tonneau et ce texte qui a 160 ans d'âge retrouve une verte jeunesse.

Du temps de Monsieur Thoreau, les racontars et autres fausses nouvelles ne sortaient pas du bistro pour courir le monde et le polluer ; Bébert, Riton et Julot pouvaient refaire le monde à leur idée, le monde ne s'en trouvait aucunement affecté. Il n'avait pas imaginé combien ces stupides, et parfois innocents, ragots deviendraient l'objet d'attention mondiale dans les grands bistros informatiques où on ne peut même pas boire un coup  ! Cette plaie ignoble infectée de racisme, de violence, d'imbécilité crasse que ces courageux anonymes répandent en toute impunité  attire les plus bas instincts de l'être humain, quelle désolation.

Une autre affaire m'intrigue : comment les gens qui participent à ces "filets" trouvent-ils le temps de le faire ?  j'en serais presque à les envier de disposer de temps pour ces dangereuses vétilles.
Ça doit être une histoire de vitesse de la lumière…

26 décembre 2022