Ah ! la rentrée. Quelle affaire. C'est le sujet de la semaine à venir et pourtant ça n'a strictement aucun intérêt. Et c'est demain paraît-il, comme chaque année je me réjouis de ne pas en être.

Mon plaisir de voir arriver ce bon mois de septembre était payé de bien cruelle façon. Devoir aller se fourvoyer dans l'univers carcéral scolaire sans la moindre explication du pourquoi. C'est comme ça, tout le monde y va, pas négociable.

Rester coincée sur une chaise minable devant un pupitre du même acabit dans un lieu impersonnel, froid et castrateur d'esprit, c'était vraiment l'enterrement des joies, de la rêverie, de la création.

Fallait être bien sage, bien gentille, bien souriante, bien apprenante et se laisser formater sans regimber. Je me trouvais en face d'adultes sans aucun intérêt qui répétaient chaque année le même cours d'un air las et vaguement ennuyé. Qu'est-ce qu'ils savaient faire d'autre ? Bah rien apparemment.

Alors je m'envolais ailleurs ou bien je foutais une merde noire sans jamais me faire prendre. Tout le monde savait qui était responsable des tours de cochon et personne n'arrivait à me coincer, trop futée déjà la future goupil. Exaspérant pour la hiérarchie qui n'aime rien tant que l'ordre et la discipline.

Et encore j'ai eu de la chance, pas d'école maternelle, une moitié de primaire, ça m'a évité quelques années de bagne. En sixième, j'ai dû redoubler au motif que j'étais trop jeune pour passer au dessus. Un vieux crétin de prof d'anglais l'avait décidé sans autre argument. Merci saleté de bonhomme qui m'a valut une année de plus.

Comment ça s'est fait je n'en sais rien mais toujours est-il que, du début à la fin de ma vie de lycéenne, j'ai été élue chef de classe sans jamais me présenter.

J'étais au cœur du système pour mieux m'en dépatouiller. Outre plaider la cause de quelques collègues d'infortune, je refusais de quitter la salle lorsque l'on évoquait mon cas aux conseils de classe trimestriels. Ces hypocrites adultes ne savaient pas parler d'une gamine en sa présence ? Ça alors !!! C'est à ce subterfuge et à un petit peu de travail rendu au dernier trimestre de chaque année que j'ai pu ne pas redoubler encore.

L'éducation, je m'en sers tous les jours pour mes animaux. Les enfants, les adolescents seraient donc des animaux ?

Il faut le croire puisque c'est "l'éducation nationale" qui les prend en charge. Utiliser des punitions, des vindictes publiques, des brimades et autres saloperies pour faire rentrer dans la tronche de la rebelle que l'important est d'être le premier, le meilleur, le plus fort...... la compétition, les notes, les railleries pour celle que ne veut pas suivre le troupeau bêlant....... merci mes bons maîtres mais ce n'est pas pour moi votre univers, celui duquel vous n'êtes jamais sortis trimballés des bancs d'une école à une autre pour finir sur la chaise du prof.

Il eut fallu instruire au lieu de vouloir dresser.

Dans mon malheur, j'ai eu la chance d'avoir l'esprit curieux et quelques hommes de ma vie m'ont fait grandir bien mieux, bien plus que les années perdues à m'emmerder ferme quand je ne trouvais pas un gag à faire ou qu'il n'y avait rien d'intéressant au dehors qui eut justifié de faire le mur.

Alors demain, quand tout le monde rentrera, je sortirai et j'aurai une pensée triste pour la poignée de malheureux qui comme moi ne veulent pas se faire formater. Qu'ils aient le courage de ruer et la curiosité d'aller chercher ailleurs le savoir qu'ils souhaitent acquérir. 

4 septembre 2011