C'est bien le jour, 11 novembre. 2011 de surcroît, 11-11-11 pour amuser les numérologues et autres rigolos pourvoyeurs de billevesées. A l'origine, c'est aux gars envoyés au champs d'horreur de 14-18 qu'était destinée cette cérémonie célébrée en grande pompe par le pays. La der des der.... arf.....

Maintenant le chef voudrait nous faire avaler qu'il faut commémorer tous les morts envoyés au combat par la patrie. Ah bon ? Toutes les guerres seraient donc les mêmes ? 14-18, on envoie des conscrits par milliers se faire trouer de la manière la plus barbare qui soit pour sauvegarder des intérêts planqués à l'arrière comme le populo l'avait bien compris à l'époque. 39-45, on envoie au casse-pipe des mecs à cheval contre des tanks, c'était contre une occupation dictatoriale, une extermination de masse, pas pareil quand même. Indo et Algérie c'est encore et toujours de pauvres hères qui sont envoyés contre l'autochtone forcément traître et vicieux ; colonial tout le truc, rien à voir avec les précédentes. A l'instant c'est en Afghanistan que des français (entre autres) cassent la pipe, des militaires engagés pour aller péter du bougnoul pour le plus grand plaisir d'une poignées de gros intéressés à mettre la pogne sur ce coin de planète.

Pour faire court hein..... Et parce que ce n'est pas à moi de développer, un tas de gens très compétents ont travaillé sur le sujet, z'avez qu'a vous renseigner.

Faudrait donc mélanger tous ces morts ; les uns conscrits happés par la république pour sauvegarder les aciéries et l'industrie qui va avec, les suivants tout aussi conscrits à l'appel de la liberté et du refus de la dictature avant le piteux armistice, les suivants dont encore des conscrits, aux ordres des colons cousus d'or pour fondre sur le dos des anamites et des ratons comme ils les nommaient si délicatement, enfin les derniers ceux d'aujourd'hui qui sont des professionnels, qu'ont signé leur engagement et qui savent à quoi s'en tenir en matière d'accident du travail.

Ça ne me dit rien qui vaille cet amalgame, si je pouvais chanter sans faire fuir tous les êtres vivants à dix lieues à la ronde, c'est Craone que je chanterai aujourd'hui :

 

Quand au bout de huit jours, le r'pos terminé
On va reprendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile,
Mais c'est bien fini, on en a assez
Personne ne veut plus marcher,
Et le cœur bien gros comm' dans un sanglot
On dit adieu aux civ'lots,
Même sans tambours, même sans trompettes
On s'en va là-haut, en baissant la tête.

 

Refrain :
Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes
C'est bien fini, c'est pour toujours,
De cette guerre infâme,
C'est à Craonne, sur le plateau
Qu'on doit laisser sa peau,
Car nous sommes tous condamnés,
Nous sommes les sacrifiés.

 

Huit jours de tranchées, huit jours de souffrances,
Pourtant on a l'espérance,
Que ce soir viendra la relève
Que nous attendons sans trêve.
Soudain dans la nuit et dans le silence
On voit quelqu'un qui s'avance,
C'est un officier, un chasseur à pied
Qui vient pour nous remplacer.
Doucement dans l'ombre sous la pluie qui tombe,
Les petits chasseurs vont chercher leur tombe.

C'est malheureux d'voir sur les grands boulevards
Tous ces gros qui font la foire
Si, pour eux la vie est rose,
Pour nous c'est pas la même chose.
Au lieu de s'cacher, tout ces embusqués
Feraient mieux d'monter aux tranchées
Pour défendre leur bien car nous n'avons rien
Nous autres, les pauvres purotins
Tous les camarades sont enterrés là
Pour défendre les biens de ces messieurs là.

 

Dernier refrain:
Ceux qu'on l'pognon, ceux-là r'viendront
Car c'est pour eux qu'on crève.
Mais c'est fini, car les troufions
Vont tous se mettre en grève.
Ce s'ra votre tour, messieurs les gros
De monter sur l'plateau:
Car si vous voulez la guerre
Payez-là de votre peau !

 
11 novembre 2011