Le cinéma, le ciné, le cinoche, la toile… Un régal… Ah la chouette récréation que voici-voilà avec ce mot !

Une drôle de vie à plusieurs rôles que ce mot  : le procédé pour animer des images, le nom de l'appareil qui les attrape, le nom du machin bruyant qui les recrache sur l'écran, le nom de la salle dans laquelle l'aventure se passe, le métier… Et… vous faites quoi dans la vie… Du cinéma pardi ! 

Les noms de choses ont évolués… La caméra, le projecteur… Il a bien fallu organiser, c'est devenu une industrie en à peine plus de cent ans. 

Maintenant, trop éloignée des salles obscures, je visionne des films à la maison. Ça ne me manque pas tant que ça les cinémas ; faire la queue, s'affaler dans un fauteuil pas terrible les jambes esquichées par celui de devant, les grignoteurs bruyants, l'opérateur pas doué qui rate les réglages… Bref, c'est bien le cinoche au bercail.

 Et puis quel parfait moment pour en causer ! Une équipe française grâce à son The Artist vient de chouraver presque tout ce qui compte comme médailles, diplômes, statuettes moches dans le petit monde des festivals… Même des Oscars, mazette !

Sans être cinéphile, j'aime le cinéma. Il me divertit parfois avec des bêtises qui valent leur pesant de cacahouètes comme les James Bond que j'adore et pourrais revoir dix fois, je ne m'en souviens plus trois jours après avoir revu ; c'est stupide mais très bien fait : les belles bagnoles, les belles filles, les palaces et les yachts, tout ça au service de Sa Majesté d'un bellâtre qui s'emmêle toujours les pinceaux au moment le plus critique, il faut au moins faire exploser tout le décor pour le sortir de chaque coup foireux et de la mouise ce zigoto.

Les comédies quand elles sont bien menées racontent des choses intéressantes outre le bon moment passé.

Les mélodrames, c'est mou et sans intérêt, je glisse sauf si c'est Devdas évidemment.

Les films d'animation j'apprécie grandement, le génie inventif de certains réalisateurs est bluffant.

Les westerns, c'est passé de mode, tant mieux c'est d'un pénible sauf Le bon, la brute et le truand qui me met en joie rien que d'y penser !

Les films politiques aussi bien sûr, il faut que ça tombe au bon moment quand le moral est beau fixe pour supporter la réalité en fiction.

Les films dits d'époque, en costume quoi, ça c'est bon alors ! Surtout quand c'est les ricains qui se piquent de faire renaître les mousquetaires, la cour de Versailles ou je ne sais quoi de bien français ; ils ont une vision de notre histoire très… Très… Ah je ne sais pas… resserrée ? expéditive ? qui me met joie aussi à coup sûr et plus c'est mauvais, plus je me marre !

Les films historiques d'une qualité bien supérieure à ceux "d'époque". Ils mêlent souvent histoire et politique ou bien retracent à la fresque un moment particulier qui, si c'est bien mené, me donne envie d'en apprendre plus ou de réviser mes connaissances par d'autres biais ou encore de critiquer le point de vue de l'auteur.

La science-fiction, bof… Ça doit suffire à en dire mon peu de goût. J'ai eu l'occasion de voir il y a quelques années 2001, odyssée de l'espace en version restaurée numérisée avec un jeune orchestre bien vivant en fosse qui donnait la bande-son en direct. Les gamins à la musique étaient très bons sauf que je n'aime pas Strauss et son Zarathoustra prétentieux, pas de chance hein ! Et le film ? Ah palsambleu quel navet ! Je me suis bien moquée le plus doucement possible pour ne pas gêner mes voisins béats.

Les films de guerre, j'évite en général. Quelques incontournables comme La bataille d'Alger ou longtemps après Indigènes pour essayer de tirer au clair cette part noire de l'histoire de France ou Mash excellente poilade dans un contexte qui n'y invite pas, les autres je passe ou fais exprès d'oublier.

Et puis, la distraction par excellence, le top du top, l'entertainment ricain. Ah nom d'une pipe, ils n'ont pas leur pareil pour les comédies musicales ou les pas comédies d'ailleurs comme West Side Story ou encore New York-New York. Et les prouesses des grands… Astaire, Kelly… Et Cyd Charisse, quelle danseuse et quelle beauté ! Ah non, je ne vais pas énumérer mais rien que d'en causer, j'ai envie de les revoir.

Sinon après il y a quelques vieilles perles bien françaises dont je connais presque tous les dialogues tant je les ai vu… Les tontons flingueurs, faut dire que les dialogues d'Audiart, c'est du nanan pour les esgourdes.

Et puis Tim Burton, du fantastique fantaisiste incomparable… Et puis, et puis… Il m'en faudrait des pages quoique ça fait bien longtemps que je n'ai pas été emballée, enthousiasmée par une toile particulièrement croustillante quelque soit le genre. Et ben ? Bougez-vous les génies ! En attendant je vais me refaire La nuit du chasseur et Blow-up, des vieilleries…

Petite gamine, j'ai infligé toutes les séances de l'après-midi à ma grand-mère qui avait eu la mauvaise idée de m'offrir à voir Blanche Neige, c'était séance permanente à l'époque. Au premier passage, j'étais quand même un peu secouée de voir cette andouille croquer la pomme de la sorcière alors après j'ai voulu rester pour lui gueuler qu'il ne faut pas accepter cette saleté de pom. Il parait qu'il faut s'identifier aux personnages… Ah bon ? Heureusement que ça me marche pas sur tout le monde, ce n'est pas très valorisant d'être l'andouille qui croque la pomme ou le crétin qui creuse ! Honnêtement je ne pourrais pas non plus me prendre ne serait-ce qu'un instant pour Glenn Close la magnifique. Ben c'est pas grave je reste moi et je me régale des performances d'acteurs, de l'inventivité des auteurs… Quand ça se rencontre les talents, c'est délicieusement plaisant.

Je suis allée farfouiller sur le net pour voir l'équipe française recueillir les Oscars qui lui pleuvaient dessus. Ça m'a fait un peu triste de voir le nom de Kodak resté sur la façade du théâtre des opérations qui a changé de nom mais pas encore d'enseigne. Cette énorme entreprise qui a fournit tant de milliers de kilomètres de pellicule pour le plaisir de nos yeux et qui se meurt.

The truc étonnant : un film français, The Artist rend hommage au cinéma américain qui a eu la bonne idée d'exploiter sérieusement une invention française, reçoit cinq Oscars ; suit un film américain, Hugo Cabret qui rend hommage à Georges Méliès le premier français à croire en la puissance évocatrice de cette technique, reçoit lui aussi cinq Oscars ! Des hommages croisés sur pellicule, qui doit à qui ce que l'autre regarde ? Peu importe c'est un langage devenu international et c'est tant mieux.

Dans la période troublée par moult changements, sursauts et insurrections que nous vivons sur la planète entière, par moult nouvelles méthodes de prise de vue aussi, ces deux retours aux sources sont-ils des regards nostalgiques ou bien un socle historique sur lequel se hisser ? Je n'en sais rien mais ça m'intrigue…

28 février 2012