Ah ! D'actualité Le président… Un président parce qu'à peine quelques succinctes recherches entamées, il m'en est tombé des pelles sur le coin de l'œil des présidents. Du conseil, de la république, du sénat, de la chambre chose ou bidule voire carrément machin, fondateur, d'honneur, d'administration, directeur-général, du directoire, de la ligue truc-muche, à vie aussi c'est possible si personne n'ose s'y opposer. J'en passe mais n'oublie point le président à mortier, celui-ci m'est cher. Pourquoi ? Je n'en sais fichtre rien mais "à mortier" je trouve que ça pose son homme ; d'accord il a un galure ridicule sur le haut du crâne, et alors ? C'est une espère en voie d'extinction faut y faire gaffe, il nous en reste deux en France rangés dans des cours, celle des comptes et celle de cassation.

Dans un de mes dicos préférés, il est mentionné que le président dirige. Puis-je contredire… Pas partout, un président d'honneur n'en fout pas une rame quoiqu'il sache jouer comme personne l'arrivée placée devant un buffet garni et se faire bien voir du serviteur qui distribue les flûtes de champagne. Et oui, c'est un rude métier que président d'honneur, pensez-y le prochain coup que ça vous échoie.

Ce mot qui désigne une paraît-il haute fonction s'utilise aussi au féminin, c'est suffisamment rare pour être souligné. La présidente. Monsieur Littré m'en donne pour exemple la Présidente d'une association de charité ou encore femme du président… Ah bon… L'était pourtant progressiste le bougre.

Avec tout ça, j'ai perdu de vue le président dont je voulais causer, revenons-y ; le président de la république, la française. Il va falloir se bouger pour aller aux urnes dans… bientôt, je ne sais plus exactement la date prévue. Je ne dis pas élections, piège à cons parce que je ne peux pas sacquer Sartre laissant croire qu'il avait inventé le slogan alors que c'est une de ces spontanées perles nées de l'imagination soixante-huitarde ; de plus, je connais un bon nombre de gens qui va aller mettre un petit papier dans la boîte étudiée pour ; pas des cons, pas tous…

Ça y est… J'ai encore perdu de vue le président… Alors où en étais-je ? Ah oui, le président de la république, la nôtre, la cinquième du nom. C'est bien parce que c'est la cinquième qu'on se doit de choisir un président, c'est prévu, faut y aller et zou, pas de discussions.

Et bien ça ne me va pas du tout cette histoire de cinquième république, de président qu'on élit. Poster un petit papier pour dire "je veux celui-ci" encore faut-il qu'il y ait un gonze qui se rapproche de mes aspirations, arf… c'est pas gagné… je n'ai pas plus besoin de président que d'attraper la pécole. Admettons que je ne fasse pas ma mauvaise tête et que je me dise "bah… allons-y pour celui-ci, c'est couillon de ne m'être déplacée que pour faire la bise aux voisins", admettons. A l'évidence mon choisi ne passera pas le cap fatidique qui va nous transporter d'ennui vers le duel du second tour comme ils disent les bavasseux qui se prétendent journalistes. Alors quoi ? Qu'est-ce que je fais au second tour ? Choisir entre peste et choléra, famine ou disette…

Puisque je vous dis que je n'ai pas besoin de président, nom d'un p'tit bonhomme en bois ! Et vous non plus quoique vous ne le sachiez pas. Qu'ai-je à faire (affaire ?) avec un type qui va se pavaner, parader, glousser dans les habits dorés de la république, courbant docilement l'échine devant les puissants de la finance et autres nuisibles de bas quartier tout en pressurant le bon peuple de législations compliquées toutes élaborées pour son malheur ? J'ai le quart de la moitié du choix de mon bourreau et je devrais être ravie.… J'en vois déjà des qui vont l'ouvrir grande pour hurler que je suis bien gonflée, que mes ancêtres se sont battus pour l'obtenir ce droit, qu'il ne faut pas se laisser aller à un trop facile "tous pourris", que moi au moins j'ai des droits, que c'est pas comme ça ailleurs, et puis quoi merde ! On est en république, on doit faire son devoir électoral et hop… circule vile goupil qui fait rien qu'à avoir des mauvaises pensées. Ah bon, mes ancêtres se seraient battus pour avoir le droit de mettre un papier dans une boîte puis se rendormir pendant cinq ans ? Et non ! Ils se sont battus pour avoir la parole, pour créer les conditions d'une vie meilleure plus équitable pour chacun sans bouffer le bien commun ; ça a marché un petit peu, parfois. Tout est à reprendre ; ce n'est pas un papelard qui va changer le cours du monde comme il va. Ah bon, j'ai écrit "tous pourris" et où ça donc ? C'est si bien ancré dans les consciences ce "tous pourris" que c'est recraché sans rime ni raisons. Loin de moi cette assertion idiote. J'en connais des élus inconnus, communaux notamment, qui se battent fort et bien, qui ne gagnent quasi jamais mais ne s'en laissent pas compter ; ce sont ceux qui sont assistés, portés, encouragés par leurs administrés qui réussissent le mieux, étonnant n'est-il pas…

Ah oui, j'ai des droits comme celui d'écrire à l'instant sur le support que vous compulsez. Disons qu'il m'en reste quelques uns sur la multitude que j'avais du temps de ma naissance. Tous les jours, la liste des droits se prend un coup de ciseaux délicat, sans bruit, en catimini. La grenouille sent l'eau tiédir mais ne s'affole pas, elle a tort.

Ailleurs, voyons voir ailleurs… Quelle différence entre un pays sans droit de vote et un pays qui en a la façade ? Si quelqu'un peut m'expliquer… Oh non, je ne pense pas à la Russie de la semaine dernière  (si un peu quand même) je remonte un peu plus loin. 2005, un référendum français, une grosse majorité qui dit non… Ça sera oui quelques semaines plus tard par la grâce du président élu qui se fit un tapis du résultat électoral en signant un traité dit de Lisbonne.… j'ai le droit de vote mais pas celui d'en voir le résultat appliqué. Beau droit, belle liberté que voici !

Un président qui me dit où il faut que je m'asservisse et comment, je n'en ai pas besoin.

Un président qui m'humilie publiquement devant le monde entier, je n'en ai pas besoin.

Un président qui fayotte devant les friqués, qui quémande des miettes du gâteau qu'il leurs offre, je n'en ai pas besoin.

Un président, je n'en ai pas besoin. Et vous non plus, si vous ne le saviez pas, je suis ravie de vous l'apprendre. Ne pourrait-on pas se gouverner nous-même ?

Je vous concède que ça serait plus de boulot que de s'affaler devant l'étrange lucarne en rentrant du taf mais quoi !… C'est pas une vie que de s'affaler…

10 mars 2012