Petit mot simple d'apparence… et puis non comme d'habitude dans notre vieille langue, heureux réceptacle de multiples influences. 

Le Littré explique que le mot viol a commencé à être usité au XVIIème siècle mais que les grammairiens le combattaient arguant que la langue possédait violement comme mot juste. Encore un coup l'usage a supplanté les grammairiens, qui s'en sert de violement ? Quelque écrivain quelque part peut être mais son usage courant a disparu. Le CNRTL lui, explique que le viol est un "rapport sexuel imposé à quelqu'un par la violence, obtenu par la contrainte, qui constitue pénalement un crime" ; si je me reporte au mot violement dans le même ouvrage, il se contente de reproduire les mêmes explications éditées également pour le verbe violer.

Viol, c'est pratique si je peux me permettre cet abus parce qu'entre violement et violemment c'est quand même compliqué de faire la distinction à l'écrit quoique…… quand on entend ou lit le mot viol, bien avant de savoir la suite on l'imagine comme un violement commis violemment tant ce tout petit mot contient d'horreurs évidentes ; faut dire aussi que violemment se disait parfois violentemment qui découle de violent ou non pas de violer……… ouais bon… tout ça ne fait pas le bonheur contrairement à la viole, bel instrument occitan fait pour chanter l'amour ; violar la viola c'est jouer de la vielle, pas enfoncer la vieille.

Vous aurez pigé lecteurs qu'ici il ne s'agira pas du viol de loi, contrat, domicile,  coffre-fort, traité… non, bien pire…… bien pire.

Si j'évoque ce petit mot affreux que je ressasse depuis quelques temps c'est qu'un édit de justice m'a fait plus que bondir, dresser le poil et autres désagréments ; un troupeau de types a été purement et simplement relaxé du fait de viol en réunion autrement baptisé tournante dans le langage de tous les jours, ah ? Ça serait donc que les demoiselles auraient menti après avoir courageusement porté plainte… et pourquoi juger un éventuel crime pénal douze ans après… et pourquoi n'y a t-il pas eu d'expertises rapides… Et les demoiselles, elles deviennent quoi douze années après les faits qu'elle dénoncent, désavouées, honteuses… souillées à jamais ça ne suffisait pas ? Ah on pourra toujours m'objecter que c'était des filles faciles, qu'elles étaient consentantes, qu'elle s'habillaient trop aguiche, qu'elles aimaient le flirt, que ci-que çà… Et alors ? Admettons qu'il y ait un fond de vérité, sont-ce des raisons valables pour leurs sauter dessus et à plusieurs de surcroît ? Et bien non et non et non cent fois mille fois !!! Il n'y a aucune raison valable pour forcer une femme messieurs les agités de la quéquette !

Au delà de ce jugement qui, de l'avis de toutes les parties au procès, apparaît ne pas en être un,  je m'interroge sur les motivations mâles. Excepté les malades mentaux il y a une foultitude de types que ça ne dérangerait pas plus que ça de forcer une femme, voire qui l'ont commis sans risque aucun, il est tellement éprouvant pour une abusée d'aller au plus vite faire une visite de médecine légale et un dépôt de plainte, une seconde violence en quelque sorte, que trop souvent elle s'abstient. Et puis quoi, les jugements rendus n'incitent pas à la bagarre ; mieux vaut fermer sa gueule et tenter l'oubli se disent probablement les femmes qui tombent sous les coups d'un connard bestial flamberge au vent.

Et que dire des filles qui sont violées par un bon copain, un parent ; "bah c'était un pote, je ne me suis pas méfiée et puis voilà… " pote ou copain ou ami ou cousin, tonton, grand père… n'importe qui, c'est inique et bestial. Vous imaginez un dépôt de plainte contre le super pote, le tonton, le grand-père ? Toute la famille qui vous tombe dessus : "mais ça va pas la tête ! T'as trop vu l'affaire Machin à la télé, t'inventes, tu fabules, tu veux te faire remarquer…" bref, y a plus qu'à la fermer, ravaler son sanglot qui restera bloqué à vie dans la gorge.

Qui apprend aux jeunes filles leur droit en pareille matière et la conduite à suivre en cas de malheur ? Si vous n'avez pas de parents prévenants et éducateurs, vous ne savez rien de l'action à mener très rapidement après les faits quoiqu'il vous en coûte. Merci à l'école publique qui n'aura jamais l'idée d'expliquer comment fonctionne notre système judiciaire, merci à l'état qui ne finance pas à la hauteur des besoins les organismes susceptibles d'accueillir des femmes en détresse, les soutenir et les aider dans leurs diverses démarches… certes ça ne doit pas rapporter autant de voix électives que d'arroser des syndicats ou des lobbies professionnels.

Que se passe t-il dans la tête du gonze qui commet cet acte inexcusable ? Pour le cas d'un viol en réunion, j'imagine les "ah t'as la trouille" ou "t'es pas cap." des copains qui entraînent le plus raisonnable du lot, toujours est-il qu'au lieu de fuir ou de faire front, il s'exécute comme les autres. Pour le cas isolé du mec qui s'aperçoit tranquillou qu'il a une opportunité sans l'avoir méditée "tiens, si que je me la faisais celle-ci… y a personne alentour, fait tout noir, héhé… " et hop que je te saute sur la victime sans plus de réflexion qu'une bête en chaleur.

Le viol comme arme ; si toutes les agressions sexuelles sont des horreurs, celle-ci est la plus incompréhensible pour moi. Comment se peut-il qu'un homme qui combat un ennemi puisse bander pour la femme d'icelui ? Elle ne serait pas une ennemie l'épouse de l'ennemi ? Elle aurait si peu d'état que même celui de sa nationalité lui serait refusé par l'agresseur ? Faut que ça rentre dans le bide, l'homme est flingué, la femme épinglée… J'comprends pas……

Ah pleurez pas les mecs, il y a aussi des hommes violés, reconnaissez pourtant que c'est bien rare ! Il me souvient d'une vieille histoire de camionneur violé par deux filles qu'il avait eu la malchance de prendre à bord de son véhicule ; le gars vachement marri avait eu le courage de porter plainte, pas banal un camionneur violé ! Cette histoire faisait ricaner… ben franchement y avait pas de quoi ! Si la femme doit être respectée c'est en tant qu'être humain à part entière et, que je sache, un camionneur est un être humain.

Comment éradiquer cette bestialité mâle, je n'en sais rien néanmoins il me semble que la misère sexuelle dans laquelle des individus sont cantonnés par manque d'éducation ou par religion, ça n'est pas fait pour aider bien le rebours.

C'est au violeur que revient le crime et la honte, pas à la victime, mettez-vous bien ça dans le crâne les filles !

26 octobre 2012