Il n'y a pas assez de livres à la maison sans doute ; une commode déborde, un guéridon ploie, une cage à grillons est bondée, une tricoteuse s'énerve de n'être qu'un meuble à entasser du papier. Les meubles bibliothèque sont bourrés, comment faire autrement ?
La bibliothèque départementale décide un gros désherbage de ses rayonnages et met en vente tous les produits à 1 €, trop tentant l'affaire. Et je rentre à la maison avec un bon paquet d'ouvrages à entasser où c'est encore possible ; je suis sûre et certaine qu'à chaque opération de ce genre, je rapporte au moins une pépite à déguster.
Gagné ! "Mumbo Jumbo" d'Ishmael Reed paru en 1972 aux Etats-Unis, patrie de l'auteur et traduit-édité pour la première fois en France en 1975. Cet auteur dont je n'avais jamais entendu parler est un artiste complet : écrivain, éditorialiste, satiriste, acteur, poète, graphiste et d'autres cordes à son arc peut-être que je n'ai pas trouvées, aujourd'hui âgé de 84 ans.
Le titre en lui-même fait envie, ça swingue alors que j'apprends que la traduction française de cette locution est : baragoin, charabia, jargon… ah… ça swingue moins indubitablement. Sauf que ce n'est pas ça du tout ! C'est une expression mandingue qui signifie : "magicien qui met en fuite les esprits en peine des ancêtres" du "ma-ma" grand-mère, "gyo" en peine et "mbo" s'en aller… comme quoi il vaut mieux lire le livre de préférence à aller rôder sur le net et tomber sur un dico mal embouché.
Monsieur Reed, qui est noir-américain, nous offre un pseudo polar déjanté qui mêle vaudou, ragtime, jazz , culte d'Osiris (eh oui !!!), Klan et prohibition avec bonheur ; sous les noms des personnages on reconnait facilement le président des U.S.A., Malcom X et autres protagonistes de l'époque concernée. Il y est des réflexions sur ce que l'on appelle aujourd'hui l'écologie, le système capitaliste et la ségrégation raciale gratinées.
J'aurais pu extraire quelques phrases croustillantes mais ça gâcherait le plaisir du futur lecteur.
25 novembre 2022