Puisée au CNRTL la définition de cet animal : "mammifère édenté au corps allongé, à la tête petite, dont la tête, le dos, la face externe des pattes pourvues de fortes griffes et la queue sont recouverts d'écailles cornées, qui se nourrit de fourmis et de termites et vit en Amérique du Sud et en Asie."
Récupéré dans le dico historique d'Alain Rey : "(le mot )est emprunté au malais penggoling, dénomination d'un petit mammifère qui s'enroule fréquemment sur lui-même. Le mot signifie proprement animal qui s'enroule.…"
Je n'ai jamais vu autrement qu'en photo ce petit animal qui a l'air de venir du fond des âges. Placide carapacé et griffu, il semble invincible. Las, l'appétit humain pour sa viande et les imbéciles sorcelleries liées aux supposés pouvoirs de ses écailles menacent sa famille d'extinction malgré les louables efforts de divers pays essayant tant bien que mal de le protéger des braconniers.
 

Medium WW226338 

Pauvre pangolin joli, le monde entier reproche à un de tes cousins martyrisé enfermé sur un étal puant et sale à côté d'un serpent et d'une chauve-souris, d'avoir balancé dans l'air vicié d'un marché chinois un p'tit virus pas plus gros que pas grand chose très fort contagieux… et zou tout le monde malade à l'agonie étouffante de cette grippe chinoise inédite.
Croissons et multiplions, détruisons les lieux de vie des animaux sauvages, sacrifions les à des pratiques stupides charlatanistes et recevons-en la monnaie : une belle épidémie bien grasse. L'Occident a courbé la tête à l'arrivée du Sras n° x, puis c'en fût un autre n°y, avant c'était le Vih, la fièvre aphteuse et je ne sais quoi encore. Le Moyen-Orient s'est fait attaqué par le Mers. L'Afrique lutte contre la fièvre Ebola qui est devenue endémique sans compter le paludisme qui détient fièrement le pompon de la maladie qui provoque le plus de morts au monde.
Nous étions prévenus ; les épidémies passent de plus en plus souvent par les contrées sautant joyeusement de l'une à l'autre. Nous étions prévenus donc et nous sommes affublés de gouvernants. De Girardin* aurait dit ou écrit : "Gouverner, c’est prévoir. Ne rien prévoir, ce n’est pas gouverner, c’est courir à sa perte". Les demandes répétées à l'envi depuis des lustres de matériel et de personnel par les soignants hospitaliers qui ont prévenu en vain. L'OMS a prévenu en vain. Il paraitrait d'après le Canard Enchainé que l'armée aurait elle aussi prévenu en vain. Résumé de leurs craintes :  on court à la cata dans les grandes largeurs si on ne rétablit pas un service de soins efficace rapide mobilisable au plus tôt. Ben voilà… nous courrons à notre perte. Merci qui ? Merci les programmes ultra-libéraux qui ne soignent que les portefeuilles des premiers de cordée.
Le gouvernant où qu'il soit assis a un gros défaut outre être gouvernant, il ment. C'est pathologique il ment. Il doit mentir dans ses vertes années pour se faire admettre d'un sérail, il continue bravement sur sa lancée, écrasant quelques concurrents au passage, à mentir vrai puis arrivé en haut de l'échelle il se lance dans l'exercice du discours électoral mensonger comme de bien entendu.
Pangolin joli, la triste fin de ton cousin n'est pas vaine, le mentir gouvernemental se remarque enfin avec une clarté inaccoutumée. Il nous est intimé de ne pas porter de masque, cela ne sert à rien ; il eut fallu proclamer : on est dans la mouise parce qu'on a liquidé nos moyens de production et que l'industrielle Chine ne peut pas fournir le monde entier. Aujourd'hui peut-être y aura t'il des masques en suffisance, soudain le port du masque menace de devenir obligatoire… ben voyons. Pénurie de tests de dépistage, il suffit d'expliquer que ça ne sert à rien un dépistage et hop… carabistouille un peu trop voyante.
Non, elle n'est pas vaine cette triste fin. Il apparait comme une manière de dégonflement réjouissant de la sacro-sainte loi du marché. Zut alors une horrifique épidémie et le marché ne nous en protège pas, qui l'eut crû !

L'américain va filer des sous aux malheureux, l'espagnol va servir un salaire de base à ses administrés, des assureurs proposent des réductions de coûts, le préfet de police de Paris qui a encore dit une grosse connerie vient présenter penaud ses excuses en grommelant sous une casquette d'opérette bien trop grande pour sa petite tête, la NASA qui photographie notre atmosphère n'est revient pas de la presque pureté des cieux, des picaillons sont promis aux unités de recherche médicale, notre porte-avion est rentré au port sans même être en panne, les vendeurs de pétrole s'arrachent le turban parce qu'on ne consomme que trop peu de cet or noir délétère, les réformes des régimes de retraite, d'assurance chômage et de la Constitution semblent soudain moins impérieuses, il s'est même trouvé quelques volontés qui se sont soudain bougé pour loger des malheureux à la rue… grand coup d'arrêt donc à l'économie mondiale, à la rupture sociale et rien ne s'est écroulé, la terre tourne encore sur son axe, miraculeux non ?

Le citoyen semble prendre le pas sur le consommateur ; il cause à son voisin, aide les plus démunis, s'ingénie à fabriquer avec les moyens du bord des protections qui manquent cruellement aux soignants que d'aucuns applaudissent tous les soirs. Ceux qui n'étaient rien selon le petit président sont au boulot pour nous soigner,  nourrir, ramasser nos poubelles, acheminer nos commandes et courriers, assurer eau et électricité. Miraculeusement des entreprises se transforment à une vitesse consternante pour adapter leurs ateliers à des productions nécessaires, Michelin fabrique des masques !

On dirait bien qu'il flotte dans l'air comme une idée partagée que la croissance économique à l'infini, le PIB et le CAC40 ne font pas société. La start-up nation ultra-libérale, but du petit président, en a pris un coup dans l'aile.
 
Ton cousin, pangolin joli, ne peut pas tout hélas, la médaille à un revers épais. Le gouvernement piétine le parlement et pond de l'ordonnance à tout va, le nouvel état d'urgence risque fort de devenir ordinaire comme ça a été le cas du précédent devenu définitif. Le traçage numérique exceptionnel nous guette sauf que les mesures d'exception finissent toujours par devenir droit commun ; il semblerait que mes congénères préfèrent être dépistés que pistés, tant mieux nonobstant l'autocratie menace. Une mission d'information parlementaire prévoie d'interroger les ministres inopérants qui auront loisir de mentir comme à l'accoutumée faute d'être soumis à une commission d'enquête qui eut été plus stricte dans sa recherche de responsabilités. Un ministre s'est fendu d'un appel aux dons pour financer les soins hospitaliers, pas peur du ridicule celui-là ! alors ministre ? ça sert à quoi les impôts ? Un autre a proposé que chaque citoyen présente des doléances pour le monde d'après grippe chinoise… des doléances ? Noble, clergé et tiers-état iraient prosterner leur pif devant le roi en son château, déposer à ses pieds bénis entre tout les pieds un cahier de doléances avec des "s'il vous plaît no't bon maître " ? Quelqu'un lui a expliqué que la France est un régime républicain à ce ministre oublieux ? Les médecins, professeurs et autres Diafoirus diplômés s'étripent sur les diverses façons d'essayer de soigner cette saloperie, que n'avouent-ils leur impuissance momentanée, que n'unissent-ils leur savoir pour avancer d'un même pas dans la recherche au lieu de se bouffer le nez ! Tout ce qui est culture est balayé : plus de librairies, de bibliothèques, pas de festivals estivaux, cinémas, théâtres… adieu…
Et plus la moindre nouvelle des pays en guerre, des réfugiés, des malheureux enfermés en inique centre de rétention, des douteuses opérations extérieures de nos militaires, des encore plus douteuses ventes d'armes à nos "amis" qui vont derechef taper sur la gueule de leur voisin… un p'tit dessin vaut mieux que mes pauvres mots, merci M'ssieur Gorce ! 
 
xavier gorce le monde

 

Cette terrible peste a éteint le ressentiment international des peuples contres les élites ; pas un pays qui n'ait eu à faire face à des manifestations, revendications, réclamations en 2019. A part la Corée du Nord et peut-être le Bouthan ou la Nouvelle-Zélande, le monde bruissait de révoltes parfois réprimées bien violemment. Notre oberstroumpff de l'intérieur et son préfet à grande casquette ont bien matraqué et mutilé les "qui ne sont rien".  Qu'en sera t'il au sortir de la pandémie sidérante qui va occasionner des pauvretés nouvelles ?
Notre petit président essaie de se refaire la cerise à coup de discours, remercie… que dis-je remercie ? adule les personnels des hôpitaux, les pompiers, les soignants de tout poil ceux-là même sur lesquels il faisait, avec ses sbires, donner violemment la charge policière il y a peu seraient d'un coup de grippe tueuse devenus des héros. Des héros ? Que non pas ! qui a lu qu'Achille ou Ulysse devaient s'affubler de masque, blouse et autres apparaux pour courir sus l'ennemi ? Ils accomplissent leur travail les hospitaliers  en conséquence de quoi il faudrait songer à les équiper et les rémunérer… foin de pommade et de minable prime, des actes !

Tu l'auras deviné pangolin joli, j'ai goût à l'avers de la médaille, le revers ne me dit rien qui vaille.

 

Brent Stirton

© Brent Stirton

 

 * à moins que ce ne soit d'Adolphe Thiers cette maxime, personnage probablement très préféré à De Girardin par le petit président

16 avril 2020