Délicieusement suranné ce mot.

Si je lorgne du côté de Monsieur Littré ça donne : "sorte de cheval de bois posé sur deux roues sur lequel on se mettait en équilibre tandis que l'on se donnait un mouvement d'impulsion, etc…" Et oui, il emploi l'imparfait, il a connu mieux !

Ce machin inventé par un baron teuton, le sieur Drais, ne devait pas être confortable et bien évidemment interdit aux dames encombrées de jupons, faux-culs et autres stupides fanfreluches.

Si je gratte un peu, il a un ancêtre ce cheval de bois à roues, le vélocifère, on employait alors le mot vélocipède pour le hardi sportif qui grimpait là-dessus, rien n'est simple dans la langue française !

Pour Monsieur Robert, c'est "un appareil de locomotion à deux ou trois roues" ; bon, il n'a pas tort néanmoins c'est un peu court comme explication.

Par le CNRTL, je peux ajouter "deux roues de diamètre inégal, cerclées de fer fonctionnant par le secours des pieds posés au sol puis perfectionné en 1861 par l'ajout de pédales ; les synonymes : célérifère, vélocifère, draisienne, bicycle…" Ah bicycle, on approche de la période actuelle avec deux roues égales.

J'aimerai bien l'essayer ce fameux vélocipède draisienne, à part le tannage de fondement et une bonne dose de ridicule, on ne doit pas y récolter grand chose comme sensations, certes mais je suis curieuse…

Enfin, cocorico de chez cocorico, les français s'y mettent. Invention des pédales en direct sur le moyeu de roue… la vache… les mollets… ouille…… puis la transmission par chaîne ou, presque pas croyable, acatène dans les années 1880… Ben mince alors, ça revient à la mode actuellement la transmission acatène.

Et puis après,top du top, les dérailleurs ; toutes ces confortables améliorations ont remisé dans un carton poussiéreux le pauvre vélocipède qui se sera transformé en bicyclette. Si j'ai bien tout compris, on ne devrait plus utiliser que ce mot, bicyclette. Ça ne marche pas à l'usage, on a des vélomoteurs, vélopousses, véloskis, vélos couchés, vélos de cross raccourcis en bicross et quand on grimpe sur l'un d'eux on fait du vélo la plupart du temps. Par contre la vélocipédie a été remplacée par le cyclisme quoique parfois cette activité se déroule dans un vélodrome… Ben ouais… compliquée cette affaire de roues et pédales, vélocipède et bicyclette mélangés mais chacun dans son coin.

Pour ma part, je m'arrange avec l'argot qui résout toujours tout, j'enfourche mon biclou ou ma bécane, le problème est réglé, et toc…

Or donc vous avons des vélos de toutes sortes pour faire de la bicyclette; quand je dis nous, c'est un poil court, il y a des catégories.  

Les gens ordinaires qui aiment les joies de la pédale pour se déplacer assez rapidement le pif au vent en badant le paysage. Les gens obligés pour aller au boulot avec un moyen à deux roues qui négocie au mieux les encombrements automobiles. Les gens sportifs qui sautent partout, se bouffent des kilomètres de piste, des passages de ruisseaux, des grimpettes boueuses, etc… Les pas-encore-très-vieux-mais-ça-ne-saurait-tarder comme moi qui prennent le biclou, le re-graissent un p'tit coup, vérifient que les pneus ne manquent pas d'air et s'en vont faire un tour pour le pur plaisir de faire fonctionner la machine a l'unisson du corps sans forcer, sans prétention excepté un moment de joie simple.  

Et puis il y a les professionnels,ah…… Insupportables camés et particulièrement imbéciles si j'en crois mes oreilles quand par hasard j'en entends un s'exprimer……… euh bon… s'exprimer reste un grand espoir pour eux, ils ne savent que machouiller trois mots et deux verbes au présent alors que leur soit-disant exploit date d'au moins trois ou quatre heures plus tôt ; "alors voilà que c'est m'ssieur X mon manager qui me dit j'attaque alors j'attaque et pis et… et… euh… ben je double Machin et pis Truc… et pis et… euh… je gagne que je suis bien content que je fais mieux la prochaine fois" Une vraie tronche de vainqueur quoi !

En plein dedans on est, quelle barbe… la particulière vulgarité de la caravane publicitaire(pléonasme)les couleurs criardes bardées de slogans, les pédaleux chargés comme des mules qui montent plus vite qu'un engin motorisé dans des cols vertigineux, les "cadeaux" envoyés par paquet de douze à des spectateurs hurlants et transpireux.Ça serait populaire cette foire à la gloire des pharmacopées aussi alambiquées que secrètes ? Désolée mais pour moi le populaire me rime pas avec le vulgaire. Et puis populaire, c'est vite dit… faut voir… le spectateur de ce genre de barnum national doit posséder un véhicule pour atteindre un lieu de passage, du temps de vacance, une glacière pour les glaçons du pastaga, ledit pastaga, des gosses futés pour ramasser les merdasses jetées en pâtures du haut de la caravane, avoir au moins 15 € à mettre dans un maillot moche pour faire le cake, pas donné à tout le monde et pas si courant dans le populaire ou alors je vis sur une autre planète et mes populaires à moi sont aussi extra-terrestres.

Tous ces gars, qui pédalent comme des dératés, avalent tout ce qu'on leur donne, se font des transfusions de leur propre sang si bien qu'ils doivent faire des pompes la nuit pour pas que leur cœur bloque ! Incroyable et pourtant bien réel. Se détruire pour accéder à quoi ? Un podium, une médaille qui seront retirés quelques mois, quelques années plus tard par des instances anti-dopages, mes congénères me sidèrent une fois de plus. Ils n'ont même pas l'espoir de gagner beaucoup de millions comme d'autres qui tapent la baballe.  

J'ai eu l'occasion de grimper des cols empruntés par le Tour, en bagnole pas fadade la goupil, dans certains lacets particulièrement fermés on va moins vite qu'un véloteux en compète ! Promis-juré cette année le Tour sera propre, pas de came, pas de drames. Il n'empêche que chaque année la vitesse à l'heure augmente mais c'est normal ; le directeur fera, quand la boucle sera bouclée, une déclaration solennelle, c'est grâce au vent que les coureurs ont eu dans le dos pendant tout le Tour que ça pète les chronos… ben voyons…

Oh certes, il ne doit pas y avoir que dans cette compétition professionnelle que les dopes circulent allègrement, faut pas être naïf et peut-être bien que pour celle-ci c'est plus visible parce que plus médiatisé.

Ce qui me gratte d'importance le poil à rebours, c'est l'exemplarité supposée des premiers de peloton qui sont adulés, glorifiés quasi sanctifiés même ; expliquer aux mômes que la came c'est pas top pour la longévité du corps et la clarté de l'esprit doit s'avérer particulièrement ardu quand chaque jour est étalée en Une la photo du shooté de la veille embrassé par des canons de la beauté féminine sur le podium du vainqueur. Forçats de la route ou de la piquouse ?

Tous les écrivains, journalistes, vedettes de télé qui viennent se frotter au soi-disant populaire et qui en tirent gloriole ne me débectent pas moins. A leur façon ils participent à  la recherche d'exploits chaque année plus forts, plus hauts…… avec l'aide de soigneurs "naturopathes", arf…

Enfin, quand on a la malchance d'avoir son terrier sur le parcours, c'est la cata ; les routes sont bloquées la veille…… oui, vous lisez bien la veille ! Une mienne potesse a eu le mauvais goût de venir me visiter le jour funeste du passage, il a fallu qu'elle fasse une huitaine de bornes à pied et presque arrivée au but, interdiction de traverser la voie, la maréchaussée fut si inflexible qu'elle dut faire intervenir le maire de la commune pour n'avoir pas à rester toute la journée en plein cagnard et en rade sur le bord du chemin ! Vive la liberté que nous procure ce genre de "spectacle" faut y assister contraint et forcé, merci bien !

Le lendemain, malgré les assurances de la caravane qui dit nettoyer tout sur son passage, on a évidemment retrouvé des saloperies dans les fossés.

Ah je râle mais cette année, il y a eu un sourire ; le coup des clous… Pas charitable du tout mais enfin deux-trois égratignures c'est pas la mer à boire, inutile de glapir aussi fort, un peu de mercurochrome et basta, bande de chochotes……

J'ai le plaisir d'avoir un fidèle biclou depuis presque vingt ans avec lequel j'ai pédalé à travers la campagne, sauté des fossés, pris quelques galtouilles et ce n'est pas le Tour de France qui me pousse aux fesses pour l'enfourcher, ça non ! C'est le plaisir, la joie, le fun comme ils disent les véliplanchistes……… Voilà, c'est ça, c'est fun… j'enfourche ma bicyclette et je pars faire du vélo, héhé……

 

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17 juillet 2012