… il repassera par là, tralala…… Ouais… ben c'est pas marrant ! Et puis j'm'ai fait eu et ça, c'est pas pour me plaire, zutre !!!

Bien contrainte de mettre la truffe hors mon terrier tempéré pour aller faire quelques courses obligatoires autant que chiantes, je me trouve incidemment nez-à-nez avec un portant affublé de chiffons divers en solde à la coop. agricole. Cocagne me dis-je, je vais farfouiller un peu histoire de… des fois que… Gagné ! Deux tee-shirts juste bien comme il faut et aptes à être peints semblent n'attendre que moi, mes pinceaux et mes couleurs pour tissu avec lesquels je barbouille et obtiens des trucs que personne ne porte… disons que personne ne voudrait porter peut-être… hum……

Pour le choix, l'important c'est la couleur générale blanc ou noir, là c'est blanc  -je pourrai faire des gribouillis en couleur-  et la qualité, pas trop épais mais pas trop fin et surtout pur coton, il faudra supporter la grosse chaleur du fer à repasser pour fixer les couleurs du gribouillis.

Et puis que ça ne vienne pas de trifouillis-les-oies en passant par Madagascar, Kuala Lumpur, Oulan Bator via Tataouine ; je n'aime pas acheter des biens de consommation qui ont fait trois fois le tour du monde avant de s'acheminer vers mon coin de planète, sont fabriqués par des pauvres hères qui prennent de temps en temps leur usine sur la tête ou sont incinérés avant terme par des incendies gigantesques tout en étant payés à coup de pierres au fond du bol. Pas facile à satisfaire cette détermination concernant le textile et c'est trop souvent que je dois capituler si je veux être habillée néanmoins je jette un œil affuté sur l'étiquette qu'il faut aller pêcher au bas de la couture latérale.

Oh ben ça alors ! Contente que je suis, ça n'arrive pas souvent un truc pareil :

3spain-coton site13569

 

Du pur coton made in espagnol, quelle aubaine ! Allez hop les deux tee-shirts dans ma besace.

Maintenant que les grosses chaleurs font suite au temps calamiteusement froid des derniers six mois, je vais me réfugier à l'atelier pour m'occuper de mes peinturlures sur tee-shirt ; première étape couper les manches, j'aime pas les manches courtes, c'est bâtard… y a des manches ou y en n'a pas et pis c'est tout. Deuxième étape couper l'étiquette : ça gratte, ça dépasse, ça m'énerve les étiquettes…

Tiens ??? Y en a deux des étiquettes… la deuxième parfaitement cousue derrière la première, la seule que j'ai vue lors de mon achat.

Je coupe.

Nom de dieu de bordel de merde ! Et autres noms d'oiseaux bien plus orduriers !!!

J'm'ai fait eu…

1periple site13569

 

Ils ont transité par tous ces pays mes tee-shirts ?  Turquie, Canada, Mexique et Espagne avant d'arriver en France ? Ou bien dans l'autre sens… ou alors encore mieux… partis d'Espagne, arrivés au Mexique via le Canada puis la Turquie ?  Je n'en sais rien mais ça m'impressionne autant que ça me fout en rogne ! Se faire avoir par un bout de chiffon, c'est râlant ; imaginer tout le carburant qu'il a fallu pour trimbaler ces tissus, franchement…… j'en perds mes mots tiens !

Et comme je tripote ces saloperies d'étiquettes, je m'aperçois que la roumègue m'aveugle : suffisait de tourner d'un quart le bout d'étiquette pour savoir le vrai lieu de fabrication avant le périple international :

2made in site13569

 

Bangladesh… pile poil un des pires pays pour les ouvriers du textile ; là on n'peut pas dire, j'ai gagné le yoyo en osier avec la ficelle du même métal, merde alors…

Donc, après le Bangladesh, ils se sont promenés autour du monde, ils ont vu du pays comme on dit avant de se faire "customiser" au frais dans mon atelier… hébé……

Ont-ils été fabriqués avant ou après le dernier incendie d'usine connu ? Par un ou une ouvrière sacrifiés ? Je ne puis rien en savoir et ça ne m'empêchera pas de les porter ; les mettre au rebut n'apporterait en rien la moindre amélioration aux conditions de vie et de travail, ni dans ce pays, ni dans les maquiladoras mexicaines, ni en Inde ou au Maghreb ou ailleurs… la moindre des choses est d'essayer d'éviter l'achat. Pas toujours facile je viens d'en faire les frais, pas des gros frais certes par rapport aux malheureux travailleurs esclavagisés mais la ligne de conduite que j'essaye de tenir tant bien que mal, voire cahin-caha, s'en est pris un coup dans le buffet. Pourtant comme je l'exposais déjà par ICI il suffirait de ne pas acheter pour pas que ça se vende ni se fabrique.

Ah les fourbes qui font coudre deux étiquettes, peut-être le font-ils exprès pour que les goupils de passage qu'aiment pas faire des courses se fassent avoir… ben zutre……

26 juillet 2013