Genre private joke ce making-off… Ben qu'est-ce qu'y m'prend de causer rosbiffe ?
Ça doit être que parfois dans la langue d'Albion, dont j'ai l'impression qu'un seul mot peut avoir douze significations, c'est plus rapide, concis que… bah… que je ne sais quoi, comment traduit-on private joke ? Je n'en sais rien ! Bon, et puis c'est comme ça et pas autrement, zutre !
Alors voilà.
Je suis abonnée à un canard dont je vous ai déjà parlé ICI, c'est Article 11. Sur leur site internet à la page qui annonçait la sortie du numéro 7, un commentateur a eu l'idée de génie de quémander des épreuves ratées, vomies de la rotative avec des tas de catastrophes vachement bien réussies. Je me suis empressée de chantonner à la suite un "moi-t-aussi" "moi-t-aussi j'en veux !" sivouplaim'ssieursdames…
Et ça a marché, ils ne savent pas que je chantonne très très faux ; j'ai reçu un peu plus tard un joli paquet de bavés pas cadrés voire pas imprimés ou encore assez fantomatiques, ça m'a assez plu pour que je me vante de créer un collage avec ces épreuves. C'est malin… ce qui est dit doit être fait…
Quelques mois plus tard, ils en sont au numéro 9 de mai-juin pas trop tard pour vous abonner ou le quérir en kiosque,je m'y mets enfin…
Un aperçu du chantier :
un aperçu du collage en cours :
Pour l'instant c'est making-off, le private joke c'est pour la fin.
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Et voici-voilà, fini !
19 mai 2012
Jugez ma fortune !
Ce matin, je m'en vais clopinant, maugréant vers la mairie de ma commune pour y surveiller pendant une paire d'heures l'urne de la république ; nous sommes le 6 mai 2012 et il faut départager les deux finalistes à la foire d'empoigne autrement nommée démocratie, soit.
Comme je vais probablement m'ennuyer copieusement, j'emporte un bouquin que j'ai fort hâte de lire. Le tome I des œuvres complètes d'Albert Cossery débute par Mendiants et orgueilleux, première parution en 1955, ça ne nous rajeunit pas tout ça, hein mon bon monsieur !
Qu'y trouvé-je en page 16 et 17 ? l'affaire qui m'occupe en mairie ce jour ! Incroyable mais vrai !
Décor : les seuils d'une vieille bâtisse mal en point dans un petit parc clos à l'orée d'un village
Epoque : XXIème siècle, 22 avril 2012
Acteurs : deux filles, mézigue
Didascalies : faut mettre un peu de conviction dans les dialogues, transcription du véridique en vue de réhabilitation de la goupil qu'est rien d'autre qu'une andouille poilue
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Ah une petite animation pas trop loin de chez mon chez-moi ! Chouette, il fait beau, je m'en vais aller tester mon 50-135 sur les foules en délire, les acteurs qui actent, les badauds et passants qui badaudent et passent. C'est l'exercice qui m'est le plus compliqué, mettre en boîte mes congénères.
Un bon peu de route plus tard, je baguenaude dans ce parc ouvert au public en attendant que ça commence ; on m'a aimablement prévenue d'un léger retard. Mais c'est pas grave ma jolie dame, je suis venue nez au vent, j'ai tout mon temps.
Tiens-tiens-tiens… ça s'agite par là-bas on dirait, j'y file ! Je vais rester plantée là un petit moment mais je m'ennuie. Je suis d'humeur guillerette malgré la luminosité inconstante qui me complique la photographie et n'ai pas envie de me plonger dans l'introspection……
Avantage du plein-air, je m'éclipse sans gêner à la recherche de je ne sais quoi…
Elle a dû être belle cette maison. Une porte de côté à demi-ouverte, un idéal pour m'attirer.
Tant qu'à faire, je vais jeter un œil à l'intérieur.
Un escalier fatigué, de vieux papiers peints, un rideau défraîchi sur la vitre d'une porte ; il y a de quoi faire du cliché dans tous les sens ! Une dame passe et me dit que oui, je peux monter à l'étage, c'est superbe. Ah merci bien !
Mal me pris de vouloir achever des prises de ce rez-de-chaussée avant de monter l'escalier garni des prémices d'une agape à venir.
Un bruit à l'extérieur m'attire, je me retourne et… oh ça alors ! Le bruit n'était rien mais je suis nez-à-nez avec un objet qui n'a plus cours depuis quelques lustres, rencogné entre deux portes ; peu de luminosité et me voici renvoyée au début du siècle précédent.
Le petit écran anachronique m'intrigue mais je ne sais pas ce que c'est.
Passons maintenant à cette porte de couloir qui me plaît bien avec son vieux rideau noué crado.
Et au moment où je déclenche…… une apparition !
Deux filles sur les trois qui se donnaient en spectacle déboulent sous mon nez.
une fille : vous faites quoi là ?
moi : ben, j'ai vu une porte à demi-ouverte alors j'ai jeté un œil…… comme j'aime bien mon œil, je l'ai suivi… et je fais des photos… je m'ennuyais à votre spectacle alors voilà… je suis franche, je préfère faire des photos ici… enfin… j'ai pas compris…
une fille : normal, y a rien à comprendre
moi : ah évidemment… et puis j'ai du mal à faire des photos si ce que mes oreilles perçoivent ne m'attire pas
une fille : ha bon ben oui mais…
moi : …mais je vais monter à l'étage, je vous laisse
une fille : et non, c'est privé ici !
une fille : ouais et puis ça sert de loge alors non, vous montez pas !
moi : ah bon, ben c'est pas grave hein… salut…
M'en fout, je connais le maire, il suffira que je prenne le temps de lui demander la clef ou un accompagnant ou encore mieux, organiser une rencontre de photographes amateurs…… Ah que c'est une idée qu'elle est bonne ! Faudra que j'y pense… à trouver des photographes surtout, dans mon coin paumé !
Pas sympas les filles, qu'est-ce que ça peut leur faire que je monte à l'étage, elles se dépoilent en bas… pas même une petite affichette pour mentionner la privauté des lieux, alors…
Alors… ma pauvre vile goupil…… t'es rien qu'une imbécile me dis-je derechef !!! Pourquoi leur ai-je dit que je m'ennuyais de leur théâtre ? Ce n'est pas comme ça qu'on s'exprime entre gens de bon aloi, quelle andouille je fais ! J'aurais dû arguer que je ne m'attendais pas à ce genre en un tel lieu, que j'étais trop insouciante ce jour-là pour essayer de me porter vers leurs mots, que je n'avais envie que de divertissement, que ce n'était pas le jour pour se rencontrer leur set et moi… un peu plus long qu'un "je m'ennuyais" et tout aussi vrai mais pas blessant comme l'abrupte incongruité que j'ai livré benoîtement !
Il y a des jours comme ça où le manque de nuance fait des dégâts.
Sans le savoir, elles m'ont offert un chouette cliché que j'aime assez pour l'avoir travaillé en un sépia façon mézigue, qu'elles en soient ici remerciées.
25 avril 2012