Ah ça ! Je n'ai pas regretté le déplacement…… Fallait crapahuter dans la brousse vu que les keufs grouillaient comme un jour de foire à la volaille, vu que les autochtones commençaient à être fumasses et coursaient tout ce qui ne ressemble pas à un natif de Corbières, vu que fallait se faire discret un max si on voulait approcher au plus près des événements. Avec mon pif de goupil, j'avais intuité que les trucs et choses qui allaient se passer étaient grave top-secret et que les acteurs du chaos ne seraient pas des plus aimables s'ils me trouvaient dans leur sphère d'activité. Fallait la jouer finotte quoi !

Or donc me voilà partie pour l'aventure équipée comme il se doit, c'est-à-dire comme d'hab, on verra ce qu'on verra et hop…

En bonne goupil avisée, j'ai bien évidemment déjoué tous les pièges, j'ai pas paumé mon appareil-photos, j'ai pas perdu le nord non plus, ça baigne y a plus qu'à attendre.

Ha mais oùsqu'elle est allée se fourvoyer que vous vous demandez !

A Bugarach pardi ! C'était hier the place to be comme on dit en bon français dans les quartiers bobotistes de la grande Babylone ; héhé, j'y étais… z'êtes jaloux j'suis sûre…

J'ai dû attendre des plombes coincée dans un incommode recoin pierreux, c'est tout rien que du calcaire à trous par là-bas mais je n'ai pas regretté le déplacement, pouvez être sûrs. Si je m'étais munie de quelques boutanches et de plus de clopes, l'attente eut été moins longue.

A vrai dire heureusement que j'ai l'ouïe fine parce que je me suis passablement assoupie. Quand une manière de petit craquement s'est fait entendre pas loin d'où j'étais vautrée, je me suis remis rapido-vit'fait les sens en état de marche. Une frêle silhouette glissait furtivement presque sous mon pif, nom de nom ! J'avais le poste d'observation le plus top qui se puisse faire, youpi ! Deuxième silhouette puis troisième puis… finalement une tapée de frêles silhouettes. Je me suis glissée le plus doucement possible dans la queue du cortège…… et oùsqu'ils vont ces types, et qui c'est, et ils ont le droit eux d'aller au pic, et… que de questions !

Je tentais de cheminer le plus silencieusement possible mais la nuit était bien sombre et les cailloux bien traîtres ; la chance me souriait en grand car un vent à décorner tous les cocus du quartier emportait les bruits que je pouvais commettre. Par contre, il ne m'éclairait pas aussi je finis par butter assez violemment pour me casser la gueule et m'étaler de tout mon long sur le furtif de devant qui lui-même s'affala sur l'autre qui lui-même……… Et oui, c'est d'une banalité à pleurer, je chus et quand on choit ainsi on fout toute la queue-leu-leu par terre. J'étais aux trente six diables à risquer la nuit de ma vie et voilà t'il pas que j'enclenchais le gag le plus éculé de la galaxie, arf…

T'es pas dans la merde ma pauv' goupil que je me serinais en me relevant ; aucun mal à déplorer mon furtif était du genre mou, il m'a bien amorti le bougre. Bon c'est pas tout ça mais ils ont l'air furax, aïe… Bizarre, je n'entends rien, c'est des taiseux ou bien ils n'ont pas de parole ou bien ils émettent en infra-sons ou bien…… dans l'immédiat ça m'arrangeait je ne me faisais pas engueuler !

Et puis quand même je sentis une tension impalpable qui grimpait, j'étais dévisagée par des tas d'yeux brillants, ah tiens ! Ils sont nyctalopes. Quoi faire ? Bah ce que je sais faire de mieux pardi, bavasser !  Je m'empressais d'expliquer que je ne suis pas comestible, que j'ai largement dépassé la date de péremption, que je suis du pays et que j'allais au pic me chercher des herbes à tisane (plus c'est gros plus ça passe) que je suis bien aise de rencontrer des étrangers, j'adore les étrangers surtout des qu'ont la tronche de travers, plusieurs yeux par paupière, qui lévitent au ras des gadins, qui sont tout mous et pourvus d'antennes téléscopique…… bref, je tentais de gagner du temps sans réfléchir sur quoi il fallait le gagner. Finalement ces furtifs étaient bien civils, ils ont faits comme tout le monde. Quand ils en ont eu leur claque de mes bavasseries, ils ont repris leur chemin comme si de rien n'était. Sans saisir par quel ordre, j'étais sommée de marcher en milieu de cortège. De même je n'avais plus du tout envie de parler, certes j'avais épuisé les possibles en la circonstance mais normalement même dans l'adversité, je suis intarissable !

Mes réflexions sur ce qui pourrait bien advenir de ma modeste personne furent stoppées comme notre marche devant le grand rocher à gauche du chemin de crête. Ça commençait à craindre pour mon matricule, non ?…… Ah ben non ! Rien à cirer de moi les furtifs… limite je m'en serais vexée mais bon je ne m'en sortais pas trop mal jusque là, fallait pas trop la ramener.

C'était marrant leur façon de se mouvoir, presque élégant… et si je tentais une photo ? Pour un coup la prudence gagna sur l'envie, je restais tranquillement assise sur un petit gadin à observer et tenter de comprendre l'agitation qui allait grandissant dans le troupeau. Il y avait comme du mou dans la corde à nœuds, je le sentais sans vraiment comprendre, ils leur manquait un truc ?… ils avaient oublié d'acheter les souvenirs de vacances ?… perdu la clef de la soucoupe ?…

Z'allez pas croire et pourtant… De même que pour l'ordre de marcher au centre de la file ou de fermer mon clapet cinq minutes, je compris qu'ils avaient un soucis pour ouvrir la porte. Bah oui tiens, la porte ! On commençait à se les geler sévère plantés devant un roc millénaire et on avait une embrouille de serrurerie ! Ma parole mais ils me prenaient pour une truffe, des vrais touristes !

Les traiter de touristes, c'était peut-être un poil pas futé, ils ont semblé entendre ma pensée… merde, on m'encercle et… on me demande si j'ai un couteau… un couteau ? Je devais avoir l'air d'une poule qui vient d'en trouver un, ça c'est sûr ! Un couteau, mince alors…

Oui, j'en ai un de couteau et pas n'importe quoi s'il vous plaît ! Un suisse, un vrai mais blanc à croix verte, rare le surin offert par un délicieux vieux monsieur suisse-toto il y a bien longtemps. S'ils imaginent que je vais leur céder pour des nèfles mon beau couteau qui me suit partout, ils peuvent se la brosser un moment leur espèce de crinière bleue frisée à la con !!!

Comment ça s'est trouvé, je ne sais mais toujours est-il que je m'escrimais à gratouiller au couteau la pierre à chaque endroit montré par un furtif ; je reniflais le coup qu'il fallait rester calme et pas les chambrer, ils commençaient à chauffer les gonzes… je dis ça, je n'en sais rien, c'était peut-être des filles.

Ça a duré, duré, je n'en pouvais plus le nez collé à ce rocher… j'abrège… j'ai fini par gratter là où ça allait bien, une vaguelette de satisfaction flotta dans l'air et celui qui me donnait des ordres m'écarta sans menace. Il m'expliqua toujours sans que ça me passe dans les oreilles que grâce à moi et mon couteau, ils allaient pouvoir ouvrir la porte et aller chercher leurs véhicules, que c'était bien sympa de ma part et à la revoyure ma bonne dame.

J'en suis restée comme deux ronds de frite, persuadée que j'étais d'être kidnappée, auscultée, dépiautée… rien, nada, que nib… ça alors, pas croyable ! 

Ne me demandez pas comment la porte s'ouvrit ni le reste, je n'en ai aucun souvenir. Ai-je été hypnotisée, sidérée par quelque artifice ? Je ne sais pas, le seul truc que je me vois faire c'est d'allumer l'appareil et de prendre un cliché de la sortie des véhicules par la grande porte béante. C'est dingue ça quand même !

 

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Et ils m'ont fait ça en couleurs complémentaires s'il vous plaît ! La classe………

____________

Epilogue

Bien évidemment rien de tout cela n'est advenu ! Bien évidemment je n'étais pas à Bugarach si loin de mon terrier. C'est faribole et compagnie, un chapelet de sornettes ; je vous parie néanmoins trois pixels dorés qu'il y a bien un jour un monsieur ou une madame issus de la grande lignée des Connaud de la Crédulière qui croiront dur comme fer aux billevesées de dessus……… peut-être même qu'ils piqueront mon montage photo… je me marre d'avance !

22 décembre 2012

 

 

 

 


 

and let me play among the stars

let me see what spring is like on Jupiter and Mars

in others word, hold my hand

in other words, darling, kiss me

 

feel my heart with song

and let me sing for ever more

you are all I long for, all I worship and adore

in other words, please be true

in other words, I love you

 

fly me to the moon

and let me play among the stars

let me see what spring is like on Jupiter and Mars

in others word, hold my hand

in other words, darling, kiss me

 

feel my heart with song

and let me sing for ever more

because you are all I worship, all I long for and adore

in other words, please be true

in other words,

in other words,

I love you

 

C'est pas croyable… qu'est-ce que je suis dans la lune en ce moment…

Peut-être bien que j'ai grave envie d'évasion, les infos-actus me navrent, me désolent, me trouent le cul, m'énervent, me désespèrent moi qui n'espère jamais ou quasi, me foutent en rogne à coup sûr ; envie de quelque chose de fort qu'existe pas, un absolu, un truc à la Camus quoi… en toute modestie, c'est du rêve éveillé, de l'envie qui ne connaîtra jamais de fin tant qu'il faut vivre…

Et quand je suis dans la lune, je chante fly me to the moon. Oh rassurez-vous je ne martyrise aucun tympan, je marmonne dans mon petit fors intérieur cette vieille chanson popularisée par Sinatra en 1964. Trop gamine à l'époque pour me l'approprier c'est après qu'elle me plut, les paroles sont bien niaises comme la plupart des trucs qui causent d'amour mais la musique swingue et c'est dans la bouche du père Sinatra qu'elle est au mieux à mon goût.

De fil en aiguille embarquée par ma rêverie lunaire je me demande si Neil Armstrong y pensait à cette chanson, coincé dans l'étroit cockpit d'Apollo 11 qui l'envoyait dans la lune pour de vrai ; sa mort récente a fait surgir du grenier à souvenirs cette soirée de juillet 1969 où je le vis descendre de son étrange véhicule pour fouler le sol lunaire inhospitalier.

Je résidais dans un coin de cambrousse idéal sans électricité ni téléphone et pas beaucoup d'eau au fin fond du Var : liberté, pins parasols et virées à vélo entrecoupées par d'interminables jeux de piscine avec ma bande de potes tout aussi remuants que moi, une vie de galérien en somme !

Tout fut chamboulé ce fameux soir de juillet 69. Les vieux s'y étaient mis à plusieurs pour organiser un visionnage télévisuel de ce non moins fameux petit pas pour l'homme. Nous autres gamins avions de quoi nous distraire des empoignades entre grands : "mais non ! J'vous dis que ça tiendra pas…"   "hé… vous y connaissez rien vous…"   "Julien, montez-moi un peu l'échelle là…"  que fit Julien ? On n'en sait rien encore 43 ans après, toujours est-il que Marcel se retrouva le cul par terre et de fort méchante humeur. Pour nous, c'était fête avant la fête et comme on galopait partout, on n'était pas les derniers pour ajouter de la confusion au bordel ambiant.

Le but du jeu était pourtant simple, regarder à la télé la transmission des images en direct de la lune, aujourd'hui ça semble un jeu d'enfant. Hier, sans électricité, il fallut tirer d'interminables mètres de fils électriques à partir d'un lampadaire éloigné et sans s'électrocuter si possible. Sans téléviseur, il fallut en louer un avec son antenne. Dans notre combe paradisiaque, il fallut monter un grand mât qui veuille bien supporter ladite antenne sans la faire virer au moindre souffle pour qu'elle puisse capter quelque chose à glisser dans le poste. Deux grands jours de travail acharné plus tard, ça marchait ! Ce ne fut pas sans heurts et aigreurs mais tout le monde se rabibocha juste à temps pour la séance. Les dames avaient fait des tas de trucs bons à manger pendant que leurs époux se querellaient à tout propos avec autant d'ardeur qu'ils mettaient à vouloir faire fonctionner le bazar.

Je ne me souviens plus de l'heure à laquelle la transmission eut lieu. Je me souviens que les grands avaient convenu de se rassembler au soir tombé autour d'un apéritif dînatoire, les émotions ça creuse et bien avant que Neil ne laisse des traces dans la poussière lunaire, on en avait eu notre lot d'émotions tragi-comiques !

Or donc, nous voici pas mal nombreux devant l'étrange lucarne qui raconte des trucs et des machins ; je ne me souviens que vaguement des gens qui discutaient dans le poste alors que je m'empiffrais d'un tas de nourritures ; chaque dame avait cuisiné au moins pour dix personnes, on avait donc une somme colossale de toasts, cakes, tourtes et tartes, soufflés, pâtés et autres saucissons à ingurgiter pendant le prélude télévisuel, cela fit passer agréablement le temps en attendant le clou du spectacle. Régulièrement c'était l'alarme, l'écran devenait tout noir ou tout gris avec des stries blanches qui se baladaient de bas en haut à moins que ça ne soit le contraire ; branle-bas de combat, tous à la manœuvre pour orienter le poste, secouer modérément l'antenne, agiter le spectre de la panne complète au moment fatidique pour qu'enfin l'image revienne sous la forme d'un gonze à tronche compassée qui expliquait que "pour des raisons indépendantes de notre volonté, nous avons perdu l'antenne quelques secondes, veuillez nous en excuser"……… Nous autres gamins, on se foutait ouvertement de la poire des vieux en toute impunité, c'était soir exceptionnel à tous points de vue !

A quel moment et tout soudain le calme se fit ? je ne me souviens plus, les cigales avaient cessé leur tintamarre depuis un bon moment déjà. On a tous arrêté de bouger, manger, boire et bavasser en même temps sans que personne n'en donne le signal et on s'est assis dans les aiguilles de pin pour regarder.

La seule fois de ma vie où je suis restée bouche-bée devant le poste, c'est indicible ce que j'ai ressenti dans mon petit moi de gamine. Il faudrait que je détaille par le menu chaque seconde de l'émission dont je me souviens très bien, de même que comment j'étais assise et près de qui, comment je retenais ma respiration tant c'était captivant. Ce fut très très long et en même temps si soudain, facile cette sortie d'Armstrong. L'ouverture de la porte du LEM, le scaphandre pataud, la main qui empoigne la main-courante, les interminables marches, huit ou dix tout au plus mais ça faisait très long quand même…… et enfin le premier pied qui foule la poussière de lune qu'aucun humain n'avait foulée auparavant ! Ahhhhhhh fit l'assistance médusée… Le collègue Aldrin qui sort à son tour, les photos, la plaque, le drapeau… et puis des commentaires, des vues de la salle de contrôle de la NASA, quelques pingouins politiques peut-être aussi, ils sont toujours là pour gâcher les photos ces parasites. Le silence qui suivit l'émission fut encore lunaire, on y était tous là-haut grands et petits. Il était très tard ou bien très tôt, on me somma d'aller me coucher ce que je refusais avec suffisamment de véhémence pour qu'on finisse de guerre lasse par me foutre la paix.

Les émotions ça creuse… et oui encore… retour sur terre et aux agapes avec quelques bons coups de rouge du pays, du rosé de Bandol aussi pour les grands, une orgie de jus de fruits pour les petits. Ça trinquait au génie humain c'est pas si souvent faut en profiter. On ne voulait plus se quitter. Ça bavardait mi-sérieux mi-docte mi-rigolade  - dans le sud les moitiés vont par trois et les tiers par quatre, c'est bien connu -  on y était allé dans la lune avec les amerlots, on était comme eux un équipage soudé qui avait subi une tripotée de vicissitudes pour atteindre notre but, c'était beau comme de l'antique…

Tout à une fin… et puis, plus rien à manger non plus, on s'est séparé à regret et chacun de rentrer dans ses pénates. Sur le chemin dans cette chaude et belle nuit la lune nous brillait son plus bel éclat… et il y avait des types là-haut ! Nom d'une pipe j'avais l'impression que j'allais en exploser de tout ce ressenti qui me bouillait le dedans !!! Je me suis assise sur le talus et je leur ai adressé un petit mot à ces trois pionniers car il ne faut pas oublier Collins, le cocu de l'histoire qu'est resté à tourner autour du parking en attendant de récupérer les potes partis faire des pâtés de poussière de lune, pour les ramener au bercail originel. Ils n'en n'ont rien su bien sûr, je n'ai pas pu m'empêcher de leur raconter ma soirée quand même.

Aujourd'hui encore devant mon clavier, ce souvenir me poigne. Quelle aventure quand j'y pense… le cul par terre devant une télé noir et blanc à bader la lune… aujourd'hui ça parait bien ridicule ce voyage dans la lune, hier c'était un exploit bien plus costaud que les traversées de Colomb, les découvertes de Polo ou les aventures de Battûta !

Il y en a eu bien d'autres des missions sur la lune, d'autres gars l'ont arpentée mais qui s'en souvient ? Ne reste que la première dans la mémoire collective. A la NASA quelque trois cent kilos de roches lunaires s'ennuient, il parait que les plans de Saturne 5, du module et tout le reste sont perdus, que les films sont égarés, que tout le monde s'en fout aux Amériques. Ils ont bien fait la nique au russkoffs qui l'ont eu mauvaise de se faire doubler en pleine guerre froide, eux qui les premiers avaient lancé un homme, Youri Gagarine, en orbite autour de notre planète dans son Vostok-1 . Ça leur a suffit aux amerlots, maintenant pour eux c'est du gros passé. Pour moi c'était hier et j'en garde une jubilation……… euh……… jubilatoire……

Les satellites et les sondes actuels qui passent au dessus de la Mer de la Tranquilité où le LEM a aluni prennent des photos. Les objets abandonnés sont là, les traces de pas aussi…

…… fly me to the moon……

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 29 septembre 2012

 edit du 20 juillet 2019 : la nuit prochaine, heure française, je fêterai en silence le cinquantième anniversaire de notre épopée autour des pas d'un homme sur la lune… cinquante ans… un demi-siècle, c'est bien ça ? je n'en reviens pas !

 


Décor     :  un castelet pas loin de mon terrier

Epoque   :  un soir de cet août 2012, le 18 pour la mise en scène - il y a 346 ans pour le texte

Acteurs   :  barf……… y en a trop ! La châtelaine, les artistes de la Cie de théâtre, l'époux préféré, quelques voisins, quelques estrangès… mézigue… le chien Vigo aussi…… plein du monde quoi !

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Comme l'an dernier dans le même mois, nous nous acheminons au castèl d'à côté où se donne à voir une farce de Molière.

J'avais rechigné l'an dernier, les pièces de Molière j'en ai vu une tripotée, on me traînait aux matinées du Français quand j'étais gamine ; pour un coup qu'il se passe un truc pas loin de mon terrier je m'étais finalement décidée…… et j'avais raté toutes les photos, je me marrais trop des fourberies du sieur Scapin pour me concentrer sur des réglages auxquels je ne suis pas accoutumée.

Cette année, innovation en matière de parking. On va au plus près de la maison au lieu de se fader à pinces la grosse montée après avoir jeté la voiture dans un champ en contre-bas. C'est un progrès pour les podagres, j'aurais aimé photographier la foule qui gravit puisque cette année la foule se presse. Mais non je n'exagère pas ! Près de deux cent personnes dans ce coin paumé, c'est au moins équivalent aux Stones à Wembley ! Ah quand même hein………

De souriants jeunes gens de la Compagnie nous accueillent ; celui du parking en voyant mon appareil me suggère : "vous pourrez déposer vos photos sur notre facebook si vous nous suivez"… Ah mais que nenni jeune homme, tout beau sourire dont vous vous fendiez ! Je ne veux suivre personne, n'aime point être précédée et ne tolère que très modérément des gens sur mes talons aussi fesse-machin avec ces tonnes de soi-disant amis qui vous tombent sur le râble sans que vous ayez esquissé la moindre des politesses ni le plus petit début de conversation, non merci. L'amitié est une affaire bien trop sérieuse pour être galvaudée dans les obscurs tuyaux mercantiles de la toile, non mais……… 

Faudrait aussi qu'elles soient correctes les photos, pas gagné comme on le verra plus tard. 

Nous nous acquittons des 15 € par tête de pipe en passant par l'entrée de la maison, un peu cher si cette affaire est subventionnée, pas du tout si c'est totalement libre de toute contrainte, et ressortons par la terrasse où… comme c'est bien fait les choses quand même… une buvette nous attire histoire qu'on dépense encore une pièce ; puisque c'est ça, je vais m'envoyer un cassule de rosé bien frais tiens ! Pour le même prix, en m'asseyant sur le rebord de terrasse, j'eus le plaisir d'un gros câlin du chien Vigo qu'est une bien brave bête avec une bonne grosse tête de bon chien-chien convivial, comme je suis une brave goupil on s'est bien entendu, héhé…

J'ai ensuite rejoins mon siège tout devant en coin d'allée centrale pour ne pas gêner les voisins avec ma manie de photographier. La rudimentaire scène est faite de planches assemblées, accotée à un mur de la bâtisse, quelques toiles noires tendues, quelques chiches feux de rampe, et c'est tout, et c'est bien suffisant.

Evidemment ce qui devait se faire à neuf heures commença à la demi, quelle barbe ! Paraît-il qu'on attendait des perdus… encore des couillons qu'ont la foi en GPS au lieu de savoir lire une bête carte ? Arf……… vont être contents si par le plus grand des hasards ils me lisent………  

Bon alors ? Ça commence ?!?

Ah ! Voici que s'avance la châtelaine, ça sent le début… et zut… un discours, pffff…… je râle mais je mets à profit pour tripatouiller les réglages du boîtier histoire que le p'tit oiseau me rapporte du un peu moins pire que la dernière fois. Et hop montée à 8000 ISOs pour une moitié du spectacle, je finirai à 10 000 quand la nuit sera complète. Ça va faire autant de bruit que les comédiens ces réglages de ouf, tant pis pas le choix, les maigres éclairages de scène, qui plus est sans feux au sol, ne sont pas suffisants ; par contre pour l'ambiance tréteaux à l'ancienne c'est parfait et c'est bien le plus important.

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Cette fois-ci c'est la bonne ; en guise de brigadier le pavillon occitan nous fait un clin d'œil, un spot chauffe.

Les trois coups, ça m'aurait bien plu aussi.

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Martine est grave véner contre son maraud de mari…

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Monsieur Robert attiré par le bruit des horions…

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Grâce à Valère et Lucas, Martine va jouer un bon tour à son gredin de Sganarelle…

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Sganarelle, sa vie son œuvre, son fagot, son kil de rouge en musette…

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Ils vont suivre en tout point les recommandations de Madame, ça va saigner…

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Un p'tit étranglement vite fait, simple examen pour devenir illico médicastre réputé…

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Géronte qu'a un coup de blues on dirait…

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Jacqueline pouponne…

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Scène de ménage entre Jacqueline et Lucas…

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Léandre se morfond…

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Sganarelle ausculte Lucinde, l'ours Aristide a bonne mine lui…

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Léandre cherche une vêture crédible pour faire l'apothicaire…

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Ah ! Là c'est mieux…

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Lucinde a recouvré la parole, ça envoie du bois ! "nom de dieu de bordel de merde, j'l'épouserai pas vot' vieux barbon ; je veux Léandre et personne d'aut' et pis voilà na ! D'ailleurs je m'tire avec !"* L'en est tout secoué l'Aristide …

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Sganarelle et Léandre s'entendent comme larrons en foire pour faire tourner Géronte en bourrique…

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A y est… le drame est consommé, Léandre enlève Lucinde…

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Ah bah… zut, on a oublié Sganarelle…… pas grave une petite pendaison va tout régler…

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Oui mais non ! Chez Molière tout fini par s'arranger surtout quand Léandre hérite de feu son tonton…

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FIN de : le médecin malgré lui de Monsieur Molière

* résumé de la tirade par mézigue rapido-vite-fait

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J'ai moins aimé que les fourberies de l'an dernier. Est-ce de reconnaître des tics de mise en scène ? Et puis ce n'est pas la meilleure du répertoire il me semble. Nonobstant, je n'ai pas boudé mon plaisir !

Lorsque Valère et Lucas cherchent après Sganarelle ils trottinent dans la "salle" en gueulant son nom qu'ils ont oublié, ça donne du Gargamelle, Béhachel, Falafel, etc…… hilarant ! Lorsque quelques mots d'anglais ou le nom d'un jeu électronique récent sont glissés dans les mots du père Molière non seulement je me fends la poire mais n'ai pas l'impression qu'ils bousillent le monument. Dans le texte Sganarelle est sensé porter comme signe distinctif une fraise, le comédien s'affuble d'une magnifique charlotte rose à queue verte portée crânement comme une tarte de chasseur alpin, quelle touche !

Ils sont bons les jeunots, bondissants et énergiques ; de bonne diction aussi, pas si facile en plein air, adroits de leur corps et occupant bien l'espace. Ils semblaient prendre plaisir à jouer pour nous, agréable sensation.

Côté photos, fallait les suivre les bougres, j'ai raté des scènes, je n'ai rien de l'intermède des Thibaut-le-père et Perrin-le-fils. La grosse montée en ISOs m'a fait tirer sur la ficelle du logiciel pour atténuer le bruit. Pour le cadrage, située en contre-bas de la scène, je suis en contre-plongée, pas des plus flatteur pour les photographiés. Capturer du spectacle est un exercice trop difficile pour mes capacités.

Bref du cliché souvenir.

Un petit florilège de ces zigotos qu'arrêtent pas…

D'arpenter, de galoper-sauter-virevolter…

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De se prendre la porte dans le pif…

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Lucas en a pété le falzar !

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Si j'ai benoîtement évité le discours de début, je vais me fader celui de la fin.

La châtelaine nous explique par le menu ses gîtes, ses chambres, ses trucs et ses machins, les aires de pique-nique qui accueillent tout le monde qu'il est beau qu'il est gentil… et blablabla……quand le peuple monte au château c'est beau… ah bon, elle s'en retranche la châtelaine ? Et puis je serais elle je me méfierai un tantinet ; quand un peuple monte au château, en général c'est pour y foutre le feu… Et que si on était pas là, faudrait nous inventer… et patin et couffin…Et le pays de Cocagne par-ci et l'Occitanie par là… et patati et patata…… tiens en passant, saviez-vous que le pastel par lequel fût baptisé le pays de Cocagne se nomme isatis tinctorial, isatis comme le goupil mon totem, héhé… et le pays de Cocagne, c'est pas là qu'il est… passons……

Dans le pauvre Luberon bobotisé par des parigots qu'ont soif d'authentique qu'ils s'empressent de détruire sitôt arrivés, ça aurait pu le faire mais là…… si près de mon terrier dans ce trou perdu au milieu de pas grand chose en paradis… bof… 

Les saluts du metteur en scène qui incarnait Sganarelle : avec la chef puis avec son assistant de mise scène et dessous qui nous convie pour le malade imaginaire l'an prochain, chouette !

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Pour clôre, ce fût la longue litanie de tous les intervenants au spectacle, tradition des dernières… et même que m'oiselle je-sais-plus-comment est venue de Paris exprès… ouahhh… la classe Paris…… arf, mais je m'en fous nom d'une pipe !

Comment ?…… Je suis une goupil ronchon ? Ah mais pas du tout !……  

L'art du discours n'est pas aisé, de plus je reçus, comme héritage parternel entre autres, l'art de dézinguer le genre. Si c'est de famille… pas réparable hein……  

Ah mais j'allais oublier !!! Le chien Vigo est venu prendre quelques applaudissements ; impassible, une vraie star…

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Mes photos préférées qui sont bruitées plus que floues et essentiellement dues au talent des comédiens :

Genre années 30 Valère et Lucas, cinoche muet, j'adore…

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Ustinov dans Quo Vadis ?  Ben non, Léandre fait une entrée fracassante, la porte aura du mal à s'en remettre…

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Lucas en mode Boris Karloff…

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Sous les feux de la rampe…

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