Vraie fausse histoire inspirée par le courriel d'une potesse qui me racontait en direct-live ses invités qu'arrivaient pas : son pote s'était fait voler sa selle de vélocipède, sa potesse sans rapport avec le premier, était appelée au chevet de sa grand-mère mal en point.
Ça sonne et ça sonne et ça sonne et ça cause aussi.
Un bricolage spécial gros dormeur, réveil-matin ET radio-réveil ; l'un sonne bêtement tandis que l'autre cause sottement. Il va émerger des brumes de la steppe où il courrait il y a encore dix secondes avant que ces foutus engins tapageurs ne bousillent son rêve. Ça y est il émerge pour retomber fissa dans la vile réalité d'un jour de boulot. Le téléphone commence à corner désagréable. Décidément……
Sortir des plumes, trouver cette saloperie de bigophone et adopter à poil une posture d'habillé respectable pour trouver le ton qui ira bien à la conversation qu'il devine casse-pied voire pénible… carrément emmerdante au pire.
Et ben voilà ! Mission immédiate, exécution rapido ! Ça ne pouvait pas commencer mieux, merde… Il en a par dessus les oreilles de son travail. Tout claquer à la gueule du chef, se barrer pour de vrai, enfin la visiter cette steppe trop rêvée jamais vue, jamais sentie. Envie d'hurler.
Dans l'immédiat, c'est vélo-boulot. Après rapide vêture sur toilette de chat… de chat, la honte… un steak plus œuf à cheval et zou… c'est parti pour la prochaine mission… mais qu'est-ce qu'elles ont toutes en ce moment… ça doit être le printemps… faut y aller-allons-y grogne t-il.
Galopade dans l'escalier, glissade puis passage furtif devant la cagna de la bignole, une spéciale qu'aime pas les animaux. Deux bonds en suivant et il atteint le garage à vélos. Son sien c'est le bleu à selle jaune. A selle jaune… à selle jaune… mais où est-il donc… Il est là, toujours bleu mais la selle… la selle jaune a disparu. Un voleur de selle jaune rôde et il a fallu que ça tombe sur son clou a lui. Décidément…
Trop pressé pour considérer une solution de rechange, il enfourche en danseuse ; s'imaginer en danseuse, une vraie à tutu et tout l'toutim, lui fait retrousser une demi-babine manière de sourire en coin… et puis faut voir, si ça se trouve il tiendra le rythme à la pédale sans se massacrer la queue sur cette saloperie de selle jaune si inconfortable pour son anatomie délicate. Jaune ou pas, c'est un ruine-queue du tonnerre la selle ! Tout en moulinant ferme du jarret, il rumine l'emploi du temps d'après mission. Faudrait pas des embrouilles et des complications aujourd'hui, il a rendez-vous avec Lafourmi sa voisine en fin d'après-midi ; elle est chouette sa voisine sauf qu'elle l'emmerde grave quand elle veut absolument lui faire ingurgiter des repas de salade parce-que-c'est-bon-pour-la-santé… des salades et puis des graines aussi et puis des soupes miso… à lui… misère…
Il a tant bien pédalé que le paysage a changé ; une banlieue de maisons vieilles et moches succède aux gros immeubles crados de centre ville, c'est encore pas ça pour un qui porte son désir de steppe au fonds des tripes. Ah voici la rue oui… le numéro oui… c'est ici… il délaisse son clou, qui ne craint plus rien sans selle jaune, à côté d'un portillon qu'il pousse. Saut pour avaler trois marches en vieux béton, ouverture de porte sans ménagement histoire que la vieille l'entende arriver, les vieilles c'est sourd ordinairement :
- et ben alors ! C'est quoi c'te vacarme nom de d'la !……… Ah c'est vous… pourriez être plus urbain !
- s'cusez Madame, d'habitude on ne m'entend pas arriver à cause de mes pas de…
- mouais, bon ça va… m'enfin j'suis pas sourde ! Vous êtes prêt ? Parce que la gamine va pas tarder d'arriver
- oh vous savez, il n'y a pas de préparation spéciale, vous me menez à la chambre et ça ira… euh si… quand même… elle est comment votre petite fille ?
- comment ça elle est comment ?
- enfin je veux dire… euh… physiquement… elle est… euh… bon… ce n'est pas facile pour vous de juger je suppose mais bon… plutôt grande, petite… dodue… chais pas moi… euh… avec beaucoup de poitrine… enfin vous voyez quoi…
- ah non j'vois pas grand-chose, j'suis pas sourde mais pour les yeux c'est une autre affaire… bah bon… vous voulez savoir si elle est bandante peut-être ?
- ah… voilà… c'est ça… je ne l'aurais pas exprimé ainsi mais puisque vous…
- allons quoi ! A mon âge, vous imaginez bien que j'm'y connais un brin alors faut appeler un chat un chat et pis c'est tout ! Rassurez-vous elle est toute mignonne, fluette où ça va bien, replète aux bons endroits, vous devriez vous régaler… héhéhé… venez-donc que je vous installe.
La chambre est claire, meublée d'ancien sans valeur mais de qualité et bien assorti. Les draps sont frais qui sentent la lavande. Il eut préféré un cocktail mousse-champignon-garenne. Un édredon ventru et deux bons oreillers complètent le confort. Il se dit que finalement cette journée ne devrait pas être la pire de la semaine :
- vous lui avez donné rendez-vous à quelle heure à votre petite fille ?
- j'ai rien dit du tout, elle est jamais à l'heure cette satanée gamine ! Je me suis contentée de l'alarmer grave sur mon état de santé, elle va accourir n'en doutez pas, nous sommes très proches toutes les deux dit-elle avec un grand beau lumineux sourire plus que sincère
- bon, bon… très bien… laissez-moi m'installer et me concentrer maintenant s'il vous plaît
- d'accord… et avant vous ne voulez pas une petite collation, vous devez avoir une faim de…
- chutttt… ne dites plus rien, filez vous cacher… j'entends des pas, si elle vous voit tout est fichu !
Elle a ses aises dans la maison qu'elle chérit presque autant que celle qui y habite la petite fille. Elle entre en vitesse, jette son sac à la volée sur le fauteuil, celui de la télé et se précipite dans la chambre de sa mère-grand :
- ah Mémé ! Ma Mémé chérie, que t'arrive t-il ? Hier tu pétais la forme et aujourd'hui… holala… t'as appelé le médecin au moins ?
- bof le médecin… à mon âge… j'crois qu'c'est la fin ma jolie… la fin……
- mais non, nonnnnn…, dis pas ça… et puis t'as une drôle de voix, t'es tout enrouée… holala……
- ah… c'est pour mieux te demander pourquoi t'as cet affreux manteau bleu mon enfant ?
- mais Mémé… tu vas vraiment pas bien… t'aimes pas le rouge ! Et puis tu dis que j'ai l'air d'une communiste avec ma cape rouge !
- ah… hum… oui-oui-oui… c'est vrai les communistes… threu-threu-threu……
- et tu tousses en plus… holala ! Et dis-donc mais… t'as une dent qui se débine ?
- ahhhhh… où ça ?
- là, elle glisse de tes lèv……… ah nom de dieu d'bordel de merde !!! C'est pas vrai !!! Dites-moi qu'c'est pas vrai ?!?! Sortez du plumard de ma grand-mère et dites-moi que je rêve ! Elle a pas fait ça quand même !?!???
- houuuuu…… heu… veux-je dire, ben si……
- m'enfin c'est pas vrai, non-non-non c'est pas vrai je rêve, je dois rêver, c'est pas possible, elle a pas fait ça… sacrebleu faut que j'me réveille…
- hum hum si elle l'a fait sinon je ne serais pas là… vous comprenez… et puis ne vous en faites pas, on ne les mange pas les…
- ah mais encore heureux que vous ne les mangez pas, manquerait plus que ça tiens ! Mémé ! Hou-houuuu Méméééééé… sors de ta planque ! C'est manqué ton coup et c'est bien-fait tant-mieux… on n'est plus au moyen-âge quand même !!!
Il est complètement dépité ; la mission est foirée. La fille est bien jolie ç'aurait été un plaisir de la croquer. La mère-grand va se plaindre, il ne sera pas payé de sa journée… et puis pédaler… et puis appeler Lafourmi pour lui dire son contre-temps et puis…… à quand la steppe…
La grand-mère alertée par les hurlements indignés est sortie du placard où elle s'était coulée, désolée que sa petite fille ait découvert le pot-aux-roses avant terme ; ça va chauffer pour son matricule, elle va s'en bouffer du "vieille sotte du siècle dernier" pas à la page des modes modernes et tout le tralala de la guerre ordinaire des anciens et des modernes. Zut.
La petite fille est ulcérée que sa grand-mère à elle, la plus chérie de toutes les grand-mères, ait eu cette idée saugrenue de la faire dépuceler à l'ancienne… "croquer" comme elle dit dans sa langue d'antan.
Il se tient coi immobile, presque il fait partie du papier-peint pour se faire oublier pendant que la grand-mère et la petite fille s'expliquent. Il en entend des mûres et des pas vertes. Comme elles s'époumonent à qui-mieux-mieux, elles vont bien finir par manquer de souffle et alors il placera un petit compliment sur… sur quoi… sur n'importe quoi histoire de faire un peu bonne impression malgré le naufrage et tenter de sauver au moins un bout de salaire, tant pis pour la prime de bonne fin. Décidément…
- et puis t'as vu un peu la gueule qu'il fait le Loup ? T'as pas pitié d'un travailleur qui ne va pas être payé ?
- ben si… enfin non… bah je sais pas, il n'avait qu'à pas se faire découvrir avant la fin aussi ! C'est pas comme ça que ça se passe dans la fable
- la fable, la fable… mais on ne vit pas dans les fables et il faut bien qu'il mange ce pauv' gars ! Ça t'as une faim ces bêtes-là que tu peux même pas imaginer ! T'es vraiment innocente… à ton âge… pffff…
- oh non Mademoiselle ne vous inquiétez pas pour moi, ce sont les risques du métier. Je vais vous laisser à votre grand-mère qu'est une bonne dame et puis j'ai à faire en ville et je suis déjà en retard, je dois retrouver une amie mais comme je me suis fait voler ma selle de vélo alors…
- et ben dites-donc c'est pas vot' jour ce jourd'hui, une mission avortée, une selle envolée… Allons donc… vous avez une bonne tête de bon Loulou, je vous ramène en ville où j'ai moi-même à faire, j'ai rendez-vous avec ma chouette copine Lafourmi… dit-elle en souriant large.
- Lafourmi ?!??
- ben oui Lafourmi
- c'est ma chouette copine aussi !!! Ah ça alors, quelle veine ! On y va ensemble ? Vous m'enlevez ? On modifie la fable ?
- d'accord ! Mémé chérie, sois pas triste, ça partait d'un bon sentiment… on s'est expliquées, n'en parlons plus… il faut que je file, j'avais promis à Lafourmi d'arriver tôt et tu fais tout manquer avec tes lubies d'ancien temps ! Et puis je suis si heureuse que tu ne sois pas malade… pas malade du corps en tout cas dit-elle en essayant d'étouffer un rire moqueur.
La jeune fille ramasse son sac, embrasse tendrement sa grand-mère un peu ronchon en la circonstance. Le Loup s'incline devant la vieille, un salut confit en excuses et désolation :
- allons, allons, beau Loup, ça peut arriver c'est pas si grave… j'eus préféré qu'elle ait affaire à un professionnel pour sa première fois… les blanc-becs qu'elle fréquente, j'suis sûre que ça vaut pas tripette question galipettes ! tenez… prenez ça et dites rien à personne… chutttt, dites rien, c'est un p'tit dédommagement… et de faire un clin d'œil complice au dépuceleur patenté en lui fourrant des biffetons pliés dans la patte.
- alors ? Loup y es-tu ? Lafourmi va s'impatienter !
- voilà, voilà, j'arrive !
Il jette un dernier regard à son vélo bleu amputé, il l'abandonne ; une autre vie commence aujourd'hui… peut-être… faut voir…
Il se prend à rêver en mode gai, radieux… amoureux ?
- dis-donc je vais m'arrêter chez Riflard le boulanger de la route de St Leu…
- mouiiiis… pourquoi pas
- comment ça pourquoi pas ? Tu penses pas que ça lui fera plaisir une galette et un petit pot de beurre à Lafourmi ?
- oh si-si… bien sûr !…… sûr que des galettes et du bon beurre, y en n'a pas dans les steppes marmonne t-il sotto voce et sourire en coin.
1 septembre 2013
11 h. du soir. Nuit limpide. Douceur d'air et hulotte muette pour une fois, le faucon digère sous le hangar.
Notre galaxie s'en paie une tranche. Les myriades de la voie lactée sont scintillantes, vibrantes ou opalescentes.
Et puis… Elle a filé ; un trait rapide, lumineux et sûr quoique court. Elle me fait signe, son passage du terrestre au céleste fut sans encombres.
Et non… bien sûr que non… vue de l'esprit qui voudrait bien… croire serait si apaisant.
A jamais, belle Acajou.
18 août 2013
… il repassera par là, tralala…… Ouais… ben c'est pas marrant ! Et puis j'm'ai fait eu et ça, c'est pas pour me plaire, zutre !!!
Bien contrainte de mettre la truffe hors mon terrier tempéré pour aller faire quelques courses obligatoires autant que chiantes, je me trouve incidemment nez-à-nez avec un portant affublé de chiffons divers en solde à la coop. agricole. Cocagne me dis-je, je vais farfouiller un peu histoire de… des fois que… Gagné ! Deux tee-shirts juste bien comme il faut et aptes à être peints semblent n'attendre que moi, mes pinceaux et mes couleurs pour tissu avec lesquels je barbouille et obtiens des trucs que personne ne porte… disons que personne ne voudrait porter peut-être… hum……
Pour le choix, l'important c'est la couleur générale blanc ou noir, là c'est blanc -je pourrai faire des gribouillis en couleur- et la qualité, pas trop épais mais pas trop fin et surtout pur coton, il faudra supporter la grosse chaleur du fer à repasser pour fixer les couleurs du gribouillis.
Et puis que ça ne vienne pas de trifouillis-les-oies en passant par Madagascar, Kuala Lumpur, Oulan Bator via Tataouine ; je n'aime pas acheter des biens de consommation qui ont fait trois fois le tour du monde avant de s'acheminer vers mon coin de planète, sont fabriqués par des pauvres hères qui prennent de temps en temps leur usine sur la tête ou sont incinérés avant terme par des incendies gigantesques tout en étant payés à coup de pierres au fond du bol. Pas facile à satisfaire cette détermination concernant le textile et c'est trop souvent que je dois capituler si je veux être habillée néanmoins je jette un œil affuté sur l'étiquette qu'il faut aller pêcher au bas de la couture latérale.
Oh ben ça alors ! Contente que je suis, ça n'arrive pas souvent un truc pareil :
Du pur coton made in espagnol, quelle aubaine ! Allez hop les deux tee-shirts dans ma besace.
Maintenant que les grosses chaleurs font suite au temps calamiteusement froid des derniers six mois, je vais me réfugier à l'atelier pour m'occuper de mes peinturlures sur tee-shirt ; première étape couper les manches, j'aime pas les manches courtes, c'est bâtard… y a des manches ou y en n'a pas et pis c'est tout. Deuxième étape couper l'étiquette : ça gratte, ça dépasse, ça m'énerve les étiquettes…
Tiens ??? Y en a deux des étiquettes… la deuxième parfaitement cousue derrière la première, la seule que j'ai vue lors de mon achat.
Je coupe.
Nom de dieu de bordel de merde ! Et autres noms d'oiseaux bien plus orduriers !!!
J'm'ai fait eu…
Ils ont transité par tous ces pays mes tee-shirts ? Turquie, Canada, Mexique et Espagne avant d'arriver en France ? Ou bien dans l'autre sens… ou alors encore mieux… partis d'Espagne, arrivés au Mexique via le Canada puis la Turquie ? Je n'en sais rien mais ça m'impressionne autant que ça me fout en rogne ! Se faire avoir par un bout de chiffon, c'est râlant ; imaginer tout le carburant qu'il a fallu pour trimbaler ces tissus, franchement…… j'en perds mes mots tiens !
Et comme je tripote ces saloperies d'étiquettes, je m'aperçois que la roumègue m'aveugle : suffisait de tourner d'un quart le bout d'étiquette pour savoir le vrai lieu de fabrication avant le périple international :
Bangladesh… pile poil un des pires pays pour les ouvriers du textile ; là on n'peut pas dire, j'ai gagné le yoyo en osier avec la ficelle du même métal, merde alors…
Donc, après le Bangladesh, ils se sont promenés autour du monde, ils ont vu du pays comme on dit avant de se faire "customiser" au frais dans mon atelier… hébé……
Ont-ils été fabriqués avant ou après le dernier incendie d'usine connu ? Par un ou une ouvrière sacrifiés ? Je ne puis rien en savoir et ça ne m'empêchera pas de les porter ; les mettre au rebut n'apporterait en rien la moindre amélioration aux conditions de vie et de travail, ni dans ce pays, ni dans les maquiladoras mexicaines, ni en Inde ou au Maghreb ou ailleurs… la moindre des choses est d'essayer d'éviter l'achat. Pas toujours facile je viens d'en faire les frais, pas des gros frais certes par rapport aux malheureux travailleurs esclavagisés mais la ligne de conduite que j'essaye de tenir tant bien que mal, voire cahin-caha, s'en est pris un coup dans le buffet. Pourtant comme je l'exposais déjà par ICI il suffirait de ne pas acheter pour pas que ça se vende ni se fabrique.
Ah les fourbes qui font coudre deux étiquettes, peut-être le font-ils exprès pour que les goupils de passage qu'aiment pas faire des courses se fassent avoir… ben zutre……
26 juillet 2013