Ça commence fort : "ordre, commandement précis, non discutable, qui doit être obligatoirement exécuté et qui est souvent accompagné de menaces de sanctions" selon le CNRTL… ça ne finit pas bien du tout : "emprunté au bas latin injunctio action d'imposer (une charge)"… aïe, ça ne donne pas envie d'être injonctionné !
Il est clair et net ce mot, pas de blablas longs comme un jour sans pain, quatre lignes de texte et hop, c'est dans l'larfeuille. Ce constat me fait amèrement regretter de ne pouvoir farfouiller dans mon cher Littré histoire de lire ce qu'il proposait certes mais surtout de me régaler des exemples, tournures vieillottes et vieux françois fringant que parfois j'ai du mal à piger. Tant pis, je les retrouverai plus tard avec d'autant plus de plaisir mes chers bouquins.
Or donc il y a de l'injonction dans l'air : martelée sur les ondes, étalée à l'envi dans les journaux : faut aller voter pour Micron de la Rotonde sinon c'est la grosse blonde qui va gagner le coquetier et ça c'est pas possible au pays de Voltaire et d'Hugo nom d'une pipe !
J'en ai ma claque sévère de cette injonction, j'eus préféré qu'on m'enjoigne gentiment je n'aurai pas plus obtempéré mais cela m'aurait semblé moins agressif… ah ben non tiens…  enjoindre : "ordonner expressément"… et zut.
Ah qu'ils sont jolis tous ces bons apôtres bien nourris-logés-blanchis. Depuis que le cagoulard Mitterand a extirpé le parti d'extrême-droite du trou puant où il était confiné  histoire de pouvoir exercer son odieux chantage à chaque élection, les deux partis dits de gouvernement enjoignent : ah mais non, faut pas réfléchir électeur de mon cœur, prends un bulletin contre ton opinion s'il ne reste que celui-ci… allez du courage patriotique que diable !… en premier lieu faut faire barrage !… élection gagnée d'avance sans trop s'éreinter à proposer une vision d'avenir, des projets ambitieux, sans surtout écouter ce que souhaite le peuple.

C'est le pauvre électeur tout perdu qui doit se démerder à faire barrage mais qu'ont-ils accompli ces politiques qui eut fait dégringoler la colère sourde de la moitié de la population ? rien-nada-nib-queue d'chi ! Ils tiennent les rênes depuis plus de trente ans persuadés de rester peinardement sur le haut siège du char de l'état puisque le bon peuple va faire barrage bien docilement.

Il semblerait que la grosse ficelle commence à fatiguer à force de raguer sur la mauvaise humeur des appelés aux urnes ;  les deux partis dits de gouvernement rendus aux poubelles de l'Histoire, voilà t'il pas qu'il faut encore faire barrage en allant la tête couverte de cendres déposer un biffeton pour le petit marquis poudré. Chaque président eut-il accepté la demande pressante de la majorité des électeurs pour comptabiliser le vote blanc, en serions-nous rendus à ce choix imbécile ? Je ne saurais l'affirmer néanmoins l'électeur frustré aurait un autre choix que d'aller se perdre chez les bas-du-front, il pourrait exprimer sa rogne bien légitime sans que notre république se vautre lamentablement dans la fange putride.
Les élus des hautes sphères eussent-ils un tant soit peu laissé les historiens travailler à un manuel d'instruction civique au lieu de se goberger de roman national… eussent-t'ils moins abusé du don de costumes, des comptes off-shore, des impôts pas payés, des dîners offerts et chantiers publics truqués, du cirage de pompes, des sociétés de conseil ou cabinets d'avocat exploiteurs de juteux carnets d'adresses, j'en passe et des plusse-pires, eussent-ils évité de reporter sur le dos de la politique européenne* qui n'en peut mais leurs bidouillages et copinages aux fins de liquider les services publics au profit de consortiums privés reconnaissants, le désespéré n'irait pas se jeter dans les bras étrangleurs d'une fille à papa, châtelaine de Saint-Cloud adepte des bals-souvenir du IIIème reich et peut-être n'en serions-nous pas rendu à être tympanisés par des faut faire barrage péremptoires.

Advienne que pourra, le responsable et coupable de la situation délétère dans laquelle le pays se trouve est à chercher ailleurs que dans la fouille de l'électeur. Les élections c'est vraiment un piège à cons ; mon bulletin est plié dans ma carte électorale : si je me déplace je voterai G.R.A.T.

Le ci-devant Micron de la Rotonde, ses proches conseillés issus des cabinets de Strauss-Khann** et sa clique de vieux qui sévissent encore un pied dans la tombe à nous assener qu'il faut trimer-payer-la fermer-voter, non merci.

* qui me défrise un max mais faut pas raconter des bobards non plus

** vous vous souvenez de lui ?  L'affaire de la MNEF, la fameuse cassette Méry que les juges auraient bien voulu écouter pendant le procès du financement frauduleux du RPR, ses largesses fiscales accordées à un tailleur pour dames… un grand personnage qui a possiblement très bien formé ses conseillers à toujours être très bien blanchis.

5 mai 2017

 

 

 

Une de mes expressions favorites quand je m'exclame : "c'est formidable" quand une chose une situation me plaisent… "c'est quand même formidable un truc pareil !" quand j'ai déplaisir ou colère. L'adjectif fourre-tout pas fatiguant toujours prêt à être dégainé histoire de ne pas avoir à discourir.

J'étais assez persuadée, inculte que je suis, d'être dans l'approximation en l'utilisant à tout bout d'champ ; et bien non, ça c'est une trouvaille. C'est effectivement un fourre-tout bien adapté le plus souvent, bonne nouvelle !

N'ayant pas mes dicos favoris sous la truffe, je me contente d'aller voir au CNRTL ce qui se raconte… ouch… littéraire  : qui est à craindre ou qui inspire une grande crainte, qui est dangereux de nature ou terrifiant d'aspect. Usuel  : extraordinaire, qui impressionne par sa force, sa puissance, sa masse ou sa taille. Usuel et familier : très grand, considérable par le nombre, la quantité. Affectif : très beau ou excellent, admirable, très remarquable, extraordinaire. En parlant de quelqu'un : très sympathique, très serviable, etc., extraordinairement doué. Très familier : étonnant, surprenant. Il existe un substantif qui désigne  un verre de bière de quatre-vingts centilitres de contenance ! Ça alors, il faudra que je tente un jour de commander ce formidable histoire de voir si c'est connu du bistrotier… oui mais… ça fait beaucoup un formidable pour moi qui suit désoiffée rien qu'avec un p'tit galopin ; m'enfin puisqu'il s'agirait d'une expérience hein… houp-là je digresse.

Or donc puisque tout est formidable, allons-y gaiement :

l'élection présidentielle Etat-Unienne

les chapeaux de madame la reine du Royaume-Uni

la découverte d'un tableau inédit de Gustave Courbet dans un recoin du musée de Granville

les horions que se distribuent généreusement les rugbymen pour l'amour d'un ballon même pas rond

Fukushima qui pompe depuis plus de six ans sans le moindre résultat ses isotopes baladeurs

l'épopée tricotée sur les océans par les concurrents du Vendée Globe

le résultat du dernier scrutin aux Pays-Bas

les soucis judiciaires de quelques hommes et femmes politiques qui ne savent pas distinguer l'argent public de l'argent de poche

le regard ahuri d'un chien qui se fait embrasser par un agneau perdu

la tempête Zeus la bien nommée

la famine qui sévit en Afrique de l'Est, en Somalie… nous sommes au XXIème siècle…

la Méditerranée la belle devenue un cimetière où l'Europe politique va finir par sombrer elle aussi faute de s'être rendue compte qu'il existe des peuples pas seulement des banques et des lobbies

se régaler d'un bon bouquin en sirotant un p'tit verre après une journée bien remplie

2043 milliardaires se partagent 7 670 milliards de $ dans le monde, 800 millions de personnes vivent sous un seuil de pauvreté évalué à 1,90 $/jour soit 693,50 $/an

l'aurore qui rosit quelques petits nuages timides qui s'éparpillent en désordre, il fait beau

les femmes kurdes en lutte acharnée

les bourgeons qui débourrent au noisetier

l'odeur d'un mijotis sur la boisinière

l'allemagne qui s'offre la Grèce après avoir refusé de lui verser les dommages de la dernière guerre

au marché la gouaille du poissonnier

la visite du rouge-gorge au matin

le petit ministre type premier d'la classe mais qu'a raté normale sup. (hin-hin-hin) qui veut faire président et qu'a tout piqué à Lecanuet* : la même gueule d'empeigne, le même slogan France en marche… sauf que ce précédent prétendant fut un très jeune agrégé de philo et résistant pendant la guerre, pas banquier

l'odeur du café qui me chatouille les narines et m'incite à aller déguster au salon en vous laissant énumérer d'autres "formidable !"

"On vit une époque formidable" assurait Reiser dans les années 70 au siècle dernier , ça se confirme :

1979 petit jesus

medicam reiser

non datereiser

 

Last but not least comme on dit en bon français, celui-ci ne risque pas de prendre des rides !

couv charlie elect

 

*candidat contre Mongénéral en 1965, ça nous rajeunit !

1avril 2017

 

 

 

Il faisait presque beau, la petite bise aigre ne nous dissuada pas d'une balade dans les bois ; avec quelques voisins-voisines nous voilà partis au trop lent rythme des moins bons marcheurs, occasion de discuter de tout et de rien sans perdre haleine. En ces temps de matraquage pénible en vue des prochaines élections présidentielles, le sujet s'est imposé mais la conversation languissait, l'intérêt n'était pas au rendez-vous c'était histoire de causer… quand enfin en guise de conclusion l'une d'entre nous finit par s'exclamer avec un large geste : "c'est cette mondialisation là… tout ça……" faute de trouver des explications cohérentes à la vie comme elle va, elle mis sur le dos d'un mot tous les maux à venir en sus de ceux déjà livrés.

 

Ah un président peu me chaut ! quant au statut d'électeur… boarfff… m'enfin… pourquoi le cri du cœur de cette brave dame à l'encontre de la mondialisation et puis d'abord c'est quoi la mondialisation ?  Au CNRTL il s'agit de : "action, fait de donner une dimension mondiale à quelque chose" c'est clair quoique fort concis, précision importante le mot est apparu en 1928 et son transitif mondialiser en 1964. L'Académie donne deux définitions : "le fait de se répandre dans le monde entier, de concerner toute l'humanité" puis un nouveau concept "la généralisation des relations internationales dans les domaines politique, économique et culturel." Chez Larousse on ne s'embarrasse pas d'humanité au premier chef : "élargissement du champ d'activité des agents économiques (entreprises, banques, Bourses) du cadre national à la dimension mondiale." néanmoins rangé dans le registre géographique il est précisé : "interaction généralisée entre les différentes parties de l'humanité." Inutile d'ouvrir le Littré, ce mot n'avait pas cours à son époque. Je suis allée fouiller, une fois n'est pas coutume, chez Sciences Po… eh oui ! ou il est précisé : "En 1983Théodore Levitt définit la mondialisation comme « la convergence des marchés qui s'opère dans le monde entier »". Au premier chef phénomène mondial à fort penchant économique donc.

 

J'aurais bien pu m'épargner ces recherches tant chaque jour les informations et renseignements que je vais glaner confortent ces définitions. Les grands investisseurs, les industriels font promener leurs capitaux où bon leur chante cependant qu'un simple humain pour aller d'un pays à l'autre se doit d'obtenir un tas de paperasses prouvant son droit au voyage. Encore que chaque humain n'est pas égal dans le droit au déplacement, loin de là !
Le phénomène n'est pas nouveau. L'empire romain commerce tout autour de la Méditerranée voire au-delà. Le père de Marco Polo au XIIIème siècle, et ses compatriotes vénitiens bien avant lui, commerce avez les lointains asiatiques. Les territoires découverts et cartographiés par les navigateurs-découvreurs attirent les marchants dès le XVème siècle. Avec le XIXème siècle et l'industrialisation, les échanges économiques s'intensifient encore. Les empires britanique, français et portugais s'étalent partout ou presque. Les chinois, indiens, africains devaient bien en faire autant dans leur coin de planète mais le commun n'en sait trop rien tant l'Histoire du monde que l'on nous sert reste centrée sur notre occident.
Aujourd'hui le monde occidental ne tient plus le premier rang, il faut composer avec les asiatiques et dans une moindre mesure avec l'Afrique qui peine à s'affranchir de l'ancienne tutelle coloniale mais finira bien par y arriver. Alors quoi… oùsqu'il est le problème… à priori cette évolution devrait être profitable pour tout un chacun. Sauf qu'on en est toujours aux temps de Niccolo Polo : le petit chinois trime pour le gros qui doit produire au plus juste pour l'occidental qui veut inonder ses congénères de tas de produits parfois futiles… le petit africain trime pour le gros dans une mine ou à pomper du pétrole que l'occident achète si peu cher, dans le cadre économique de l'Europe le roumain de base bosse pour des nèfles. Et puis le petit russe, philippin, etc. De grosses fortunes se constituent sur le dos des pays à bas coûts de production qui génèrent de grosses marges à la revente dans des pays à meilleur niveau de vie. Dans la suite logique capitaliste pure et dure une grosse fortune se doit de naviguer astucieusement dans les paradisiaques lieux peu imposables : payer des impôts, pouah ! abonder le budget de l'état, fi ! N'oublions pas au passage les commissions occultes déversées sur les hauts politiques histoire de fluidifier certaines transactions pas simples voire frauduleuses. La soit-disant crise économique qui nous est chantée sur tous les tons dans toutes les langues n'est qu'un système de gouvernance bien mondialisé lui.
Je caricature ? Oui, du raccourci vit'fait su'l'gaz… profusion de textes d'érudits permet de se renseigner bien plus finement que mes balourdises, mes congénères m'agacent tant aussi ! Les uns idolâtrent un sauveur sachant sauver, du moins il le professe, les autres crachent sur notre fonctionnement et sont prêts à livrer le pays aux pires infamies possibles, la majorité est fort décontenancée.

 

A l'heure du choix qui enverra le futur roitelet sur le trône de France, pas étonnant que ma pauvre voisine soit déconcertée ; issue de vieille famille de terroir viticole prospère et cela va quasi sans dire "de droite", elle avait en tête un candidat tout désigné bien propre sur lui et bien catho-tradi. Las le bougre d'animal cachait son épouse, les revenus d'icelle, ses gosses et leur argent de poche… quand on apprit qu'il se fait tailler des costards hors de prix généreusement offerts par un sulfureux facilitateur d'affaires, qu'il copine grave avec un patron d'assurances privées rêvant la suppression de la Sécurité Sociale, ça a jeté un léger froid sur ses convictions à la dame. Lui est apparu un fait têtu, la mondialisation n'y est pour rien dans les petites saloperies ordinaires que se permettent quelques élus sans scrupules alors que leur fonction est de réguler, orienter, canaliser les appétits trop voraces pour que perdure nos Liberté-Egalité-Fraternité.
Elle pourrait se reporter sur le petit banquier, le Lecanuet du moment mais non, il est trop à gauche… les bras m'en tomberaient si je n'en n'avais pas besoin pour marcher en rythme… trop à gauche… bah mince alors ! Au moins elle m'a fait rire c'est déjà ça.
La nationale-socialiste… non, elle ne lui plaît pas… ouf, c'est déjà ça derechef.
Or donc : "c'est cette mondialisation là… tout ça……"  Mais j'y pense… en fait… peut-être n'a t'elle pas osé s'exclamer que "c'est tous ces étrangers là" qui viennent bouffer le pain du bon français ? Hélas l'antienne est encore moins neuve que celle de la mondialisation, Fernand Raynaud en son temps…
Ah elle a bon dos la mondialisation, ah il a bon dos l'étranger ! Quand donc comprendront les dames dont les repères paysans s'écroulent qu'il faudra bien plus qu'un bout de papelard dans une urne pour que l'humanité vive un tant soit peu en harmonie ?… je pousserais bien quelques cris glaçants,  l'isatis en possède une belle gamme mais à quoi bon… je vais me contenter de soupirer en m'envoyant un godet, ça sera plus plaisant.

19 mars 2017