"Pièce de métal, de bois ou de matière dure permettant le serrage… bla-bla-bla" me dit le CNRTL. Tout le monde sait ça surtout ceux qui, comme moi, ne cessent de bricoler des trucs et des machins qui nécessitent force écrous, vis, ficelles en bois du Tonquin et autres bidules-choses.
Mais là n'est pas le propos. Une fiche d'emprunt d'ouvrage en bibliothèque départementale m'a fait frémir :
ecrou
colonne de gauche le nom de l'emprunteur puis au milieu la date d'emprunt et enfin à droite la date de rendu peu souvent renseignée car l'essentiel est que cela soit rendu en temps et en heure, les bibliothécaires sont d'un pointilleux !

 

La bibliothèque départementale met à disposition des ouvrages dans les prisons. Cette fiche m'apprend qu'un prisonnier qui emprunte un livre ne verra pas son nom inscrit sur la fiche mais son numéro d'écrou. Il perd la liberté ainsi que son nom sur une banale fiche de bibliothèque par la même occasion. C'est affreux de perdre son nom, non ?
D'après le honteux pompage que j'opère en résumant maladroitement dans le dico de Monsieur Rey, le mot écrou vient de fort loin, en forme de féminin escroe au XIIème siècle, une bande de parchemin.  Il se dira escroue au XVIème siècle : escroues de la maison du roi pour désigner le registre des dépenses puis escrou registre de prisonniers. C'est pourquoi encore aujourd'hui il est prononcé une levée d'écrou lors de l'élargissement d'un prisonnier.

 

En quoi cette histoire d'écrou, de prison et de peine à purger doit-elle permettre de substituer le nom de l'incarcéré par son numéro d'écrou sur une innocente et anodine fiche d'emprunt de livre ?

2 juin 2021

 

 

 

Il était bien temps d'en causer de ce p'tit Farrago avec qui je chemine depuis presque dix ans. En juillet prochain cela fera dix ans qu'on m'offrit un p'tit bout de cyber-espace.

 

Je suis affreusement déçue, Monsieur Rey n'y prête pas la moindre entrée dans son magnifique dico !
Par chance reste-il les vieux d'la vieille :
- le CNRTL : "agric.. Mélange de diverses espèces de grains qu'on sème pour servir de fourrage. Au fig. Mélange confus d'idées ou de choses disparates"
- mon Pépé Littré préféré : "mélange de diverses espèces de grains// fig. amas, mélange confus de choses disparates"
- le gros Petit Robert "mot latin de far, blé*. mélange de diverses sortes de graines qu'on sème pour servir de fourrage"  il boude le mélange confus
- le dictionnaire de 1828 (qui m'échut récemment) publié et mis en ordre par quatre professeurs de l'université (on ne saura ni les noms des uns, ni celui d'icelle) qui avouent avoir puisé dans les manuscrits de Rivarol… mais oui, Rivarol le brillant et compliqué royaliste Antoine de Rivarol dont en page 4 les éditeurs reproduisent son discours "de l'universalité de la langue Française" … ce vieux dico donc à l'entrée "farrage" ne se perd pas en conjectures : "mélange de plusieurs graines", faudra s'en contenter
- le dictionnaire de l'Académie Française atteste effectivement qu'au XIXe siècle il se disait farrage : "agriculture. Vieilli. Mélange de graines qu’on sème ensemble pour obtenir du fourrage. Fig. et litt. Mélange confus de choses disparates"… merci pour le vieilli ! moyenne d'âge des académiciens ?… hummm…

 

Joachim Westphal théologien de la réforme, luthérien allemand, qui controversait avec Calvin ou encore Mélanchthon entre autres, écrivit : "Farrago Confusanearum Et Inter Se Dissidentium Opinionum De Coena Domini"… vous m'en direz tant ! les avis divergeaient sur le baptême, la cène et autres fondamentaux de la religion réformée en construction au XVIe siècle.

 

En 2003, le livre de Yann Appéry intitulé tout simplement "Farrago" nom d'un petit village Californien où vivent et rêvent des personnages si attachants, truculents,  déconcertants qu'on les croirait sortis d'un film des frères Coen. Un bon p'tit bonheur de lecture que ce Farrago ci !

 

Mot parfait , je me contente du figuré qui va comme un gant à mes p'tites graines : mélange confus d'idées ou de choses disparates. Encore que j'en aurais bien beaucoup de p'tites graines confuses à proposer dans cet espace dématérialisé mais le temps me fuit ; il  faudrait  s'y consacrer pleinement, tant d'autres activités m'attirent et me distraient. D'aucuns soupireront que c'est tant mieux ! Hahahaha…

 

Farrago côtoie dans les dictionnaires qui veulent bien l'accueillir  : faribole, faridondaine, faraud, farce, farigoule, farfouiller, farfadet… aimables à mes oreilles.

 

Je laisse le farrago de la fin à ce cher Rabelais : "Homenaz tira d'ung coffre près le grand autel ung gros faratz  de clefs"

25 avril 2021

 * il semblerait que cette affirmation soit fausse si je m'en tiens à l'entrée "fer" dans le dictionnaire historique de Monsieur Rey

 

 

 

Un mot qui fait rêver… univers, universel…
Un peu plus terre-à-terre la définition actuelle… actuelle, humm pas vraiment,  tirée d'un dictionnaire datant de 1828 qui échut sur mon bureau complètement pas hasard : "corps des professeurs établis pour l'enseignement public". Bien concise cette définition qui demeure actuelle donc ; aborder l'histoire de la création des universités, non seulement je n'en n'ai pas la capacité mais de plus, il y faudrait quelques dizaines de pages depuis le temps qu'elles existent. Des temples du savoir dit-on parfois.

Nos pauvres universités, et pauvres elles le sont bougrement, sont fermées pour cause de virus chinois. Ah bon. Les autres départements scolaires sont ouverts, mal mais ils le sont. Voici pour l'instruction. Les universités ne seraient pas des lieux d'instruction ? Ah si mais c'est des emmerdeurs les universitaires, ils pensent. Insupportable pour quelque gouvernant qui rêve d'un peuple  stupide et obéissant.

Et v'là-t'y pas qu'un beau matin une dame qui serait ministre desdites universités  qui avait si peu travaillé donc été si peu entendue jusqu'à présent en sort une bien gratinée : "ouh bouh y a des islamo-gauchistes dans les facs… snirfff…"  Elle est vraiment stupide ou bien, elle le fait exprès ?
Et pourquoi pas "judéo-bolcheviques"  ou encore mieux "judéo-maçonniques" ? Ces vieilles formules creuses qui firent les mauvais jours de mon joli pays.
Des enseignants-chercheurs en sciences humaines qui sont forcément de gauche, ben voyons, auraient l'oreille et l'écrit tirés vers l'Islam, ah.... les gens qui se réclament de l'esprit de gauche sont pour le moins des laïcs, accoler islamo à gauchiste est non seulement curieux mais d'un autre temps sans aucune base scientifique et créé pour d'autres supposées raisons que les présumés troubles travaux de quelques chercheurs qui ont bien le droit de chercher ce qu'ils veulent. La recherche des savoirs est libre et indépendante. Il ne manque pas de garde-fous pour le cas où un idéologue violent se cacherait derrière ses travaux.
Même le maire de Nice qu'on ne peut décemment taxer de gauchisme n'emploie pas cette expression dénuée de sens qui sert de fourre-tout et de chiffon rouge. Nous prendrait-on pour des bêtes à corne ?
Madame la ministre explique qu'elle veut relever le débat, et pourquoi donc qu'elle l'a foutu par terre ? Qu'elle se débrouille avec les conséquences qui n'ont pas manqué d'advenir : deux enseignants de Science Po ont été montré du doigt, affichés, insultés par quelques sbires d'un syndicat étudiant (acoquiné à un autre se disant musulman) dont le rôle serait davantage à alarmer des conditions d'instruction et de vie affreusement dégradées des élèves qu'il est censé représenter.

Après la décapitation d'un professeur de lycée puis le retrait volontaire de deux enseignants en philosophie à cause d'un fanatisme islamique qui avance à grand pas, répondre par un affront à l'encontre des chercheurs.... vachement futé....Que n'a t'elle pris fait et cause pour Eschyle dont la pièce qui se jouait en fac fut perturbée par des activistes islamistes identifiés ?

Est-ce que par hasard, ce n'est qu'une hypothèse bête hein... est-ce que par hasard donc, il s'agirait d'accuser un ennemi intérieur, ce bon vieux bouc émissaire biblique, pour masquer les cafouillages et autres menteries gouvernementales concernant la gestion de la pénible épidémie qui fout le pays à genoux ? Si l'hypothèse tient, ça a bien foiré, on n'en entend plus parler de la dame qui use d'un vocable éculé sans consistance devenu insulte.

Tous les malheureux évènements que la France subit depuis près de vingt ans tournent autour de fanatiques qui se réclament d'une branche violente et radicale de l'Islam. Lorsque les dirigeants de gauche* ont choisi de manifester contre un projet de loi qui montre du doigt l'ensemble des musulmans, ils ont été et sont encore vilipendés ; entremêler l'ensemble des musulmans français à des nuisibles barbus tarés est bien trop dangereux et surtout stupide ! De braves gens qui n'y pensaient pas le moins du monde pourraient bien se radicaliser à leur tour s'ils se sentent opprimés.

Notre pays, après moult souffrances, a réussi à concilier les athées avec les déïstes, il ne faut pas en  perdre le sens et cela n'a rien à voir avec la lutte qu'il faudrait mener contre la minorité fondamentaliste agissante bien trop active… petit aparté : les athées ferment un peu trop leur gueules à mon goût.

Si elle s'ennuie sous les ors de la république la ministre , je me permets fort modestement de lui proposer quelques pistes à explorer : rouvrir les facs qui ne sont pas plus contagieuses qu'un métro à six heures du soir ou un super-machin plein d'affamés de consommation remplissant frénétiquement un caddie, créer des logements décents et des cantines abordables pour les étudiants à faible pécune, laisser les profs travailler et chercher. Elle pourrait se pencher sur une des nombreuses catastrophes culturelles en cours : la fermeture des librairies Gibert au quartier Latin ; quasi institution que ces librairies plus que centenaires placées idéalement et proposant des livres d'occasion aux élèves les moins argentés. Que vont devenir les locaux ? marchands de fringues… de sacs à dix mille boules… un bistro chic-belles assiettes-rien à bouffer dedans-ardoise stratosphérique… ou des godasses à pétasse ?
Ah les livres, ça rapporte pas ma pauv'goupil et en plus ça instruit, ça fait réfléchir, pas bon du tout pour la servilité des cervelles. Travailler devant un écran, manger, dormir et le lendemain recommencer, surtout ne pas penser, quelle sale vie d'étudiant !… petit aparté : les étudiants ferment un peu trop leur gueule à mon goût.
Ah honte à moi, j'oubliai… le chèque psy ! merveilleux… les pauvres gamins déboussolés vont avoir le droit de consulter gratos un psychologue trois fois s'ils se sentent mal. Il faut avoir oublié sa jeunesse ou n'en pas avoir eu pour pondre cette prétendue aide !
Du sport, de la joie, de la culture, des bistros où se retrouver autour d'une chope en sortant du cinoche, des fêtes, des flirts coquins ça vaut tous les psycho-machins du monde nom d'une pipe !!!
Pauvres gamins…  qui devraient se bouger…

8 mars 2021

* sous un gouvernement de droite en 1978 quelques notables dits socialistes allèrent lécher la babouche au tyrannique ayatollah Khoméni réfugié chez nous et personne n'y trouva rien à redire à l'époque, c'était pourtant plus préoccupant.