Des fora en général et d'un forum en particulier.

 

A l'usage on s'aperçoit vite que l'exercice de la conversation virtuelle n'est pas simple.

Participer à un forum devrait relever de la politesse ordinaire, du respect à priori envers les interlocuteurs, en s'inscrivant librement de même qu'on entrerait dans une boulangerie, irait au cinéma ou patienterait dans une salle d'attente quelconque.

Dans la vraie vie, on dit bonjour et si la conversation doit s'engager, on échange avec son interlocuteur des pias-pias ordinaires pour se faire reconnaître comme bavardeur valable. Bien rare sera accepté de bon cœur le clampin qui déboule quelque part sans le moindre signe d'intérêt envers les présents, qui se commet en diverses fautes de bienséance au risque de se faire vertement renvoyer dans ses foyers. Dans la vraie vie, le clampin qui se comporte comme un gougnafier est à peu près sûr d'avoir quelques ennuis verbaux au minimum, un coup de boule ou une tarte au pire en cas déplorable de manque d'arguments parlants....... quoique..... 

Une bonne paire de claques dans la gueule
Un bon coup d'savate dans les fesses........ une ordonnance de Boris Vian.

Il semble que l'exercice virtuel permette des écarts qui ne seraient jamais admis dans l'existence physique. Mystérieux, non ? Comment peut-on être affable et poli voire policé envers ses congénères à longueur de jours et se transformer en crétin pathétique dans la pratique d'un forum ? Voici qui ne laisse pas de m'étonner !

Certes un forum est quelque peu un "café du commerce". Il n'est pas vraiment étonnant qu'il y ait des incompréhensions et des écarts qui se terminent généralement autour de la Xième tournée dans un vrai café sauf dans les saloons de western mais bon, on n'y est plus en ces temps violents..... enfin en principe.....

Le "café du commerce" d'internet permet-il à des crétins pathétiques de s'exprimer ordurièrement en toute impunité ? Il apparaît que oui.

Pourtant ça doit être fatigant le boulot de crétin pathétique.

Il faut s'échiner à ne pas comprendre ce qui est écrit par les voisins mais forger un autre sens aux mots et phrases.

Il faut répondre très vite, vertement et tout-à-trac ; rester planté devant sa machine prêt à dégainer du clavier n'importe quelle connerie sans réfléchir.

Il faut attraper une tête de turc et la transformer en bouc émissaire. Un crétin commence et les autres ne tardent pas à débouler pour en rajouter une couche. Plus le préposé d'office au "bouquémissariat" répond, plus il répond poliment, plus il répond par des arguments, des sentiments et sa façon d'appréhender le malaise du moment, plus il est enfoncé. A lire les messages des crétins pathétiques on entendrait presque les mâchoires claquer et les rapières sortir des fourreaux....... une curée bien saignante si possible............ suprême puissance du crétin à l'action bien planqué derrière son écran, ordonner le bannissement ! Quelle élégance !

Sur le forum d'une chasse au trésor par exemple -mais pas par hasard-  je ressens toute la frustration, toute la bassesse qui se déverse dans les interventions des claqueurs de mâchoires........ désolant, d'autant plus désolant que j'ai participé dans la joie et la bonne humeur à l'essor du forum auquel je pense et que certains visiteurs reconnaîtront assurément.

 

L'outil internet est fort récent, peut-être qu'avec le temps les usages vont se policer ; de même qu'on ne se fout plus (plus trop...) sur la gueule au sortir du bistro, on arrêtera de virtuellement s'agonir d'injures aussi bêtes qu'infondées, d'affirmer sans savoir, d'expliquer sans connaître.

Parfois ça me fait rire, parfois non. Quand ça prend des proportions susceptibles de nuire durablement, ça commence à craindre.

 

Anecdote : dernièrement je me suis trouvée acculée à devoir faire une explication de texte parce qu'on ne m'a pas comprise. Non pas que je sois d'une grande limpidité dans mes propos mais quand même....  Il a fallut que je me fende de préciser que "sûrement" veut dire "avec sûreté", que c'est "certain", "juste", "vrai" et j'en passe..... Crotte alors ! On en est là ?

 

27 septembre 2011

 

 

Dans le temps moderne comme il va, la pétitionnite a pris une ampleur considérable grâce (ou à cause) de l'immédiateté des connexions cybernétiques. Pétitionner c'est bien, agir c'est mieux me suis-je toujours dis. Agir, pas simple. Il faut être nombreux et organisés pour peser et encore.... l'incontestable réussite des manif. contre la réforme des retraites n'a servie strictement à rien.

Alors quoi ? On se contente de signer un formulaire dont on a épluché le curiculum vitæ soigneusement si on en a le temps ? Et bien ça m'a barbé, ça me barbe. Cette impression d'acquérir une bonne conscience à faible engagement me paraît quand même être largement une escroquerie intellectuelle. De surcroît ma conscience va très bien, merci !

Me paraît....... disons me paraissait. En lisant les propos de Monsieur Louis Joinet dans Siné Mensuel, j'ai tendance à un poil changer d'avis sur un sujet au moins, celui des prisonniers politiques. Il donne des exemples de prisonniers qui ont appris du fond de leur trou sans issue, que du monde se bougeait le popotin pour les ramener au jour et ça leur redonnait de la force pour supporter les avanies sans nom qu'ils subissaient.

S'il le dit Monsieur Joinet, il sait de quoi il parle lui.

Maintenant, je signerai les pétitions que ma copine Néli, responsable à Amnesty International m'envoie avec un peu plus de sentiment qu'avant quoique ce ne soit pas un rude engagement tant physique que moral.

26 septembre 2011

 

 

 

"Tu peux me rendre un service ?"

"Le service est compris jeune homme ?"

"Il m'a filé un coup d'main au poil, il est serviable ce gars !"

Rendre service. Pour le rendre ce service encore faut-il en avoir donné un ! Un prêté pour un rendu.

Du pas si lointain temps du "service public" ça marchait comme ça, le système était simplissime. Par l'impôt l'état avait la pécune pour faire tourner tous les services dont le citoyen de base a besoin, santé, sécurité, justice, assistances sociales en tout genre, communications et énergie.

Oui mais voici-voilà que ça ne marche plus, dommage hein !

Plus l'état baisse l'impôt (pas pour tout le monde mais c'est un sujet parallèle) moins il a de sous pour gérer les fonctions du service public.

On râle mais on est des dinosaures cacochymes ! Enfin voyons, le marché et la concurrence libre et non faussée vont faire le job !

Ah ? Bon-bon-bon, on n'y connaît pas grand chose, après tout.... oui, peut-être..... pourquoi pas..... qu'on s'est dit bêtement en majorité.

Et on commence à voir. Le marché nous assène qu'il faut payer des assurances privées pour rembourser ses frais de santé. Houla ! Oui mais dis-donc, c'est plus cher que quand je payais l'impôt qui faisait le boulot répartiteur, aïe...

Le timbre-poste augmente grave, c'est inversement  proportionnel à la rapidité de la distribution du courrier. Douze jours de voyage pour une lettre qui va d'un boût à l'autre du même village, c'est un progrès considérable ! j'en pleurerais de rire si ce n'était pathétique.

Quand on se retrouvait chomiste, on allait plaider sa cause chez Fout-rien qui tentait maladroitement de retrouver un boulot qui va bien avec les compétences. Et puis proposait des stages, des conversions, des trucs et des machins utiles..... ou non seulement si on était un cas particulier et encore au final, il y avait des solutions pour tous.

D'un autre côté, comme on avait cotisé à l'assurance obligatoire déduite de la paye, on avait le droit de faire la queue dans un autre établissement public pour percevoir une indemnité en attendant de retrouver du boulot.... ou alors seulement une paye, ça suffirait.... bien moins facile à trouver que du boulot, dommage.

Ça marchait ! C'était pénible, fallait faire des tas de papiers, fallait répondre tous les mois de son état de chomiste qu'a pas de sous... mais ça marchait, on avait de quoi se sustenter pendant la période maigre, si on était malade la sécu nous prenait par la main et s'il fallait qu'on se déplace pour visiter un éventuel patron, pas besoin de payer des fortunes pour emprunter l'autoroute. Des dinosaures qu'on était je vous dis !

Comme il n'y a plus assez de sous paraît-il, l'état fait genre : "attend j'vais t'arranger ça au petit poil et pour pas cher". Raté.

Le service qui aide à retrouver du boulot et le service qui donne les sous de l'assurance ont dû fusionner. Rien à voir leurs deux missions ? Mais on s'en fout nom de nom, c'est moderne on vous dit !

Du côté du nécessiteux, c'est un bordel pas possible et il a intérêt à comprendre le système parce que les radiations fusent plus vite qu'il n'en faut à Zorro pour sortir sa rapière.

On est quasi tous du côté du nécessiteux, de l'éventuel nécessiteux, du futur nécessiteux.... bref quelqu'un qui a cotisé pour s'assurer une aide aussi bordélique que précieuse quand il est dans la panade.

Du coup on oublie trop facilement les employés d'ANPE et ASSEDIC qui ont dû s'accrocher aux branches qu'étaient pas livrées pour essayer de continuer à assurer leur mission. 

Ils se sont casés en râlant, en faisant grève ou des bouquins mais au final, c'était fait et le patron a pu augmenter son salaire de pour-cent vertigineux, les publicitaires se payer des sommes folles pour faires des logos à la con, les marchands de meubles, de téléphone, de tout ce qu'il faut quoi..... il avait pas dit "pour pas cher" l'état ?

C'est bien le moment pour passer la démultipliée ; puisque le chambardement a fonctionné d'après l'état, il faut progresser dans le recul. Maintenant et si j'ai bien compris les ceusses qui prennent en charge le pauvre type qu'a pas de boulot doivent aussi assurer son indemnisation ! Ben ça alors ! C'est interdit par la loi d'être juge et partie ! Ah ben oui mais non, quand c'est l'état qui décide d'enfumer les terriers et de faire croire qu'il fait des économies....

On en est là, la grenouille sent que l'eau chauffe sérieux, ça va pas tarder à bouillir. A t'on encore la possibilité de sauter hors la marmite ?

Ce billet est dédié à Isabelle qui est agent d'un de ces deux services en mariage forcé ; elle se bat pour faire valoir son métier de service public contre sa hiérarchie. Déjà deux blâmes au compteur pour cette empêcheuse de privatiser en rond.

Conclusion empruntée à Michel Bühler (prof et chanteur helvète sans frontière comme il le dit) dans je-ne-sais plus quelle chanson :

"quand tout sera privé

on sera privé de tout"

23 septembre 2011