Valeurs morales. Au pluriel, ça doit être parce qu'il y en a plein.

Pour parler valeurs morales, faut-il en avoir ? Je m'interroge.

Ce matin, cause dans le poste un ministre qu'est pas content-content. Il éructe contre un sportif bien connu et bien aimé des français paraît-il. Le ministre fut sportif aussi. Par sportif, j'entends des types qui faisaient des tour du monde en s'exhibant qui avec un pyjama rigolo, qui avec un short sexy sur ses belles guiboles bronzées.

Le short sexy part du principe que puisque des sportifs professionnels se droguent pour gagner la médaille et que personne ne peut les confondre, il serait bon que les autorités accordent le droit de dopage à tout ce petit monde du sport professionnel, tous au même niveau et que le meilleur gagne. 

Le pyjama rigolo se met à gueuler que houlala mais il est fada ce short sexy ! Il va nous faire des tas de gamins drogués au fond des vestiaires de province et que le sport c'est beau, c'est noble, c'est pas molécule chimique, pot belge et potion magique espagnole ! Et heureusement qu'il est aux affaires parce que lui vivant, ça se passera pas comme ça et on va voir ce qu'on va voir, quel irresponsable ce short sexy ! Le dopage c'est de la triche honteuse et pis c'est tout. D'ailleurs le sport véhicule des valeurs morales si fortes et que la morale faut pas y toucher hein, que quand il n'y a plus de morale c'est tout qu'est foutu et le sport c'est noble et moral, et toc...

Bon d'accord pyjama rigolo, t'énerves pas. On a bien compris que tu es le garant des valeurs morales et qu'il faudra te passer sur la ceinture noire si on veut les ratatiner. Mais j'y songe.... Au fait... Est-il bien logique de grimper aux rideaux pour sauver les valeurs morales du sport professionnel quand on appartient à une clique qui regarde passer des valises africaines de biffetons, qui bricole avec des hommes affairés pour vendre des armes à droite à gauche, qui ferme les yeux sur les dérives financières tout en ouvrant grand le bec pour tenter de faire croire que les paradis fiscaux c'est fini et ni-ni...... J'en passe, vous compléterez. Et puis dis-donc pyjama rigolo ? T'aurais pas un peu eu maille à partir avec la justice nationale qu'était pas tout à fait d'accord avec ta façon de commercer ? Les valeurs morales auraient des géométries variables ou bien ne s'adresseraient-elles qu'au sport professionnel ?

Enfin, moi je dis ça mais bon, en ce moment même je suis raide défoncée à la tisane citron-miel pour tenter de faire passer une crève monumentale alors...

25 novembre 2011

 

 

 

 

Ça n'a pas l'air compliqué comme ça, oui. Pourtant j'entends de plus en plus souvent des gens se tortiller la langue pour ne pas prononcer ce petit mot tout simple. 

Le maire demande à la mariée, maquillée comme un carré d'as avec sa robe de carla-du-dimanche-plus-jour-férié, si elle veux épouser machin qu'est à côté et qui s'est lavé les pognes pour l'occasion. La princesse en carton-pâte de répondre "complètement", c'est possible ça ? Elle prend le gars complètement donc si elle avait dit oui, seulement un petit oui mignon, elle n'en aurait pris qu'un bout ? Et lequel ? Ça me taraude cette affaire de morceau de marié.

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"Alors Bidule, ça fait quoi de sortir son troisième livre dans la maison Galligrasseuil, satisfait ?"  

"Tout-à fait cher journaliste... "……  D'ailleurs Bidule prononce tûtafè pour bien montrer qu'il est sorti de la cuisine à Jupiter (merci Coluche). Ça lui aurait fait quoi à sa bouche en cul-de-poule de répondre oui ?

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"T'as sorti le beurre du frigo ?" 

"Complètement"……  J'espère bien 'spèce de godiche, on ne sort pas du beurre à moitié ou au quart ! Quoique, un quart de beurre... mais non, on le sort entier bien que ce soit un quart enfin !

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Il y a des variantes moins courantes comme parfaitement.

"Vous avez demandé au garagiste de faire le nécessaire ?"

   "Parfaitement !"…… Ah, on a affaire à un expert qui s'exprime parfaitement je suppose. il a fait une demande parfaite au garagiste, la classe...

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Encore une, ambiguë, exactement, puisqu'elle peut constituer une réponse valable.

 "Vous avez voulu freiner mais ça glissait et vous avez envoyé Mémère dans les orties ?"

"Exactement"……  Là ça marche, rien à brocarder. Sauf que Mémère, elle est mal...

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"Le metteur en scène a créé votre rôle en fonction de votre jeune partenaire d'après mes informations"

"Exactement"……  Pas vraiment à côté de la plaque mais c'est un peu sous-entendu genre il est tellement nul le partenaire qu'il faut se mettre à son niveau. Avec un oui, pas de soucis !

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Mais la variante la plus horripilante c'est c'est clair.

"Tiens, y a du brouillard ce matin..."   ou pire      "Tiens, fait encore nuit..."

"C'est clair..."…… Ben non, c'est pas clair si on n'y voit rien andouille !  Sans trop appuyer sur la façon d'écrire c'est clairE en général ; deux énervements pour le prix d'un, de quoi se plaint-on !

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C'est quand même pas croyable cette épidémie et ça me semble fatigant comme exercice. Faut dire que je prononce plus souvent non que oui. Et j'y pense au fait ! Le non ne subit pas cette relégation ! Pas facile, c'est ça ? Dès qu'on veut tenter un autre mot, ça devient plus indécis tandis que non c'est non, clair, net et précis.

Oui aussi est clair, net et précis alors pourquoi le snober ? Ça engage trop c'est ça ?

Que celui qui a déjà entendu un normand prononcer la maxime rituelle à la nouvelle mode : p'tête bien que complètement, p'tête bien que non veuille bien écrire à la rédaction, merci.

22 novembre 2011

Edit du 27 novembre 2011 : une lectrice, merci Laure, me signale qu'elle a entendu une variante de non tout-à-fait étonnante. A la question "êtes-vous mariée" une jeune femme répondit pas du tout !  Elle aurait donc pu être mariée un peu ? Beaucoup ? 

 

 

Lire au quotidien.

Avec les méthodes modernes, il me semble que je lis de plus en plus. A part les journaux et les livres je veux dire. Dans la vie quotidienne comme elle va, j'ai commencé à lire des télex. Qui se souvient de cette machine magique et encombrante qui faisait un bruit hystérique en tremblotant, nous sortait un petit papelard dont les mots venaient de loin souvent, bien au-delà des coins de notre hexagone ? Y en a-t-il encore de ces outils de communication ?  Sais pas.... La grosse machine bruyante a dû laisser la place à une petite télé moche qui ne fonctionnait pas trop mal mais ça n'avait pas la magie du télex le Minitel et puis ça ne crachait pas un petit papier, le nôtre non en tout cas. Fallait penser à consulter et prendre note. Et puis c'était franco-français, pas de rêverie possible. Et maintenant, alors là maintenant c'est le top du top, le pompon doré sur tranche -quoi ? Un pompon n'a pas de tranche ? Ah.... on m'aura trompée- l'internet ! Non seulement on lit ses messages tous les matins mais on tartine des pages comme je le fais à l'instant. Lire, lire, lire et encore lire.... Ça me plaît. Je cause écrit quand j'ai envie et le temps et la frite, vous lisez de même.

Je peux envoyer à sept heures du mat' un message à un lève-tard qui me répondra à minuit et demi, c'est bien d'autant que je n'aime pas, n'ai jamais aimé le téléphone. Et puis par téléphone, je ne peux pas envoyer une photo, un document, un dessin, une connerie quelconque qui va faire sourire mon interlocuteur un instant.

Comme pour les médailles, il y a un avers et un revers, dommage. Pourquoi donc que l'inventeur des médailles n'a pas pensé à cet inconvénient majeur, une face eut suffit à grandement nous simplifier la vie ! Comment ça, c'est pas possible  ? Gros manque d'imagination et pis c'est tout, ah mais !... Hummm.... je reviens à mon mouton revers. La moindre des choses quand on écrit est d'être lu, que quelqu'un quelque part déchiffre les signes pour en faire dans sa tête du signifiant. Bien, bien, bien mais ça ne marche pas à tous les coups ! Je me demande si ce n'est pas l'immédiateté technique qui provoque la lecture diagonale et la compréhension biaisée qui va avec. A l'instant, je viens encore d'en avoir la preuve : je me décide à vendre tout mon matériel d'équitation, un crève-cœur. Je poste une annonce où ça va bien sur la toile en précisant expressément que les prix sont fermes, que je n'envoie pas, qu'il faut payer à l'enlèvement. Que croyez-vous qu'il arrivât ? Tous les intéressés me demandent soit d'envoyer, soit marchandent, soit les deux à la fois ! Mais qu'est-ce qu'ils ont lu nom d'une pipe en bois d'arbre ! C'est bien la peine que je me sois cassée la nénette pour faire court et concis, arf...

Et la prochaine fois que je réponds à côté de la plaque à quelqu'un, je vais me pendre un p'tit quart d'heure manière de méditer le papier que je viens d'écrire.

18 novembre 2011