Les travailleurs et les travailleuses. Ceux et celles qui travaillent, qui exercent une activité rémunérée.
Du boulot de merde précaire à mi-temps au confortable pantouflage dans une grande banque ou chez un marchand de béton, ça en fait du monde qui bosse, qui a un vrai boulot et qui travaille vraiment… quoique les pantouflards, j'suis pas sûre hein…
Aujourd'hui c'est la fête des travailleurs-euses…
Ça vient d'une lointaines Amérique. Chicago, une manifestation monstre d'ouvriers, des anarchistes aux premiers rangs, en 1886 après deux ans de lutte sans succès pour obtenir une journée de travail de huit heures.
Paraîtrait qu'il y avait une journée du travail respectée après notre révolution de 1789.
Coup d'envoi et feu sur les travailleurs à Fourmies, premier 1er mai de notre histoire, en 1891 c'était.
Bref, on fête les travailleurs le 1er mai, pas le travail ! Encore heureux, fêter un asservissement serait un comble que Pétain n'a pas hésité à transgresser ; à chaque fois qu'il faut en faire une grosse, il est présent au garde-à-vous celui-ci, arf……
Que vous soyez travailleur, fainéant, chômiste, retraité, n'importe quel état qui ne soit pas celui d'un gros salopard qui, non content de profiter du boulot des autres sans en foutre une rame, se permet de faire des raisonnements iniques, je vous souhaite :
BONNE FÊTE DES TRAVAILLEURS !!!
Moi je file au défilé tirer la langue aux puissants qui ne le sont que parce qu'on les laisse faire… Scrogneugneu……
30 avril 2012
C'est pas que j'en sois si fière mais… j'ai migré ! Presque. Mon site a migré d'un serveur à l'autre. Ce qui a eu le don de m'entraîner dans des rêveries insensées. Le caniche rouge sautait d'une niche à l'autre sans omettre de compisser tout ce qu'il trouvait comme lampadaires sur son chemin cependant que les humains capturés reprenaient leurs libertés diverses, les fleurs étaient fanées et les arbres tombés sous le coup du bûcheron. Les montagnes se promenaient bras-dessus bras-dessous avec les collines en dégoisant sur les coteaux trop fiers pour se mêler à d'autres bossus. Et si les bazars de l'atelier en profitaient pour se révolter de l'étroit dans lequel ils sont confinés ?
Et non, bien sûr qu'il ne s'est rien passé de tel dans ce virtuel déménagement. Ah si ! Ce fut long, habitués que nous sommes à appuyer sur un bouton pour être servi. Il a fallut attendre que toutes les connections veuillent bien se rencontrer et s'accorder.
Du coup je me demande ce qu'il en serait si je devais migrer mon petit moi ailleurs, quitter mon pays. Je me gratte les tifs, je dubite.
Dans la vraie vie, c'est comment de migrer ? La plupart de ceux qui le font sont poussés par une obligation impérieuse. Fuir un état de misère, de malheur, de guerre, une famille pourrie, tenter de survivre ailleurs. Pas simple. Et mal accueilli de surcroît le migrant est un fauteur, fauteur de quoi ? Ben de rien mais l'autochtone qui n'a pas la vie qui lui convient reporte si facilement son mal-être réel ou supposé sur l'autre, celui-là qu'est un "pas d'chez nous" bouc émissaire si commode à désigner, plus fragile et sans défense qu'un natif.
Il suffit d'un minimum d'empathie pour ressentir ce que ça doit être que de tout quitter de son début dans la vie, paysage, nourriture, littérature, histoire, us et coutumes pour essayer de se fondre dans un autre genre d'organisation sociétale tout en sachant qu'on sera mal venu, pas accueilli, cantonné aux emplois de base mal rémunérés et assigné à résidence dans des logements qui n'en ont que le nom. Quelques-uns réussissent pour combien qui échouent dans une vie morne sans possibilité, ou courage, ou les deux d'en sortir.
Alors, si je devais migrer… Que de questions se poseraient et comment arriverais-je à surmonter ? Vraiment, je ne m'en sens pas ! C'est peut-être pour cela que je vois le migrant venu dans mon pays d'abord comme un humain avec deux bras, deux jambes, deux yeux, un nez, une bouche… ah et puis oui, deux oreilles ! J'allais oublier les oreilles. Après, si j'ai la chance de le rencontrer, je lui trouve des morceaux pas visibles, un cœur, un esprit, des raisonnements et des réflexions. Il peut m'enrichir de son origine, je peux lui raconter mon pays ; on peut se comprendre et s'accepter dans nos différences qui, loin de nous affronter, nous enrichissent. On peut aussi copieusement s'engueuler.
Oui, d'accord mais bon… t'as vu… celui-ci à volé, celui-là trafique, ceux-là font du bruit, celle-ci est une salope, l'autre là-bas il fait rien qu'à rien foutre ! Bé oui et alors ? C'est bien ce que je dis, ce sont des humains qui ont les mêmes fulgurances, les mêmes beautés, les mêmes bassesses d'où qu'ils viennent où qu'ils aillent. Comme moi, comme lui, comme elle qui sommes natifs d'entre nos frontières.
Et si je tentai de faire une liste de tous les migrants qui ont nourri la culture de mon pays, j'y passerai bien la journée et j'en oublierai. Allez, vite fait et sans jugement de goût ou de valeur… voyons voir… Picasso, Dali, Jankélévitch, Cioran, Offenbach, Montant, Chagall, Ionescu, Vartan, Aznavour, Goscinny, Perec… migrants ou fils, filles de…
Quelque soit le mot accolé à une personne déplacée ou qui se déplace contrainte et forcée, exilée, immigrée, déportée, éloignée, c'est une épreuve douloureuse, pas besoin d'en rajouter une couche en tirant la langue ou pire quand on la croise. Personne n'est à l'abri d'une épreuve pareille.
24 avril 2012
Mais par où commencer avec un mot pareil…
Et puis d'abord, qui c'est qu'a pensé le premier à fermenter du jus de raisin, qui c'est qu'a pensé le premier à faire du jus tout simplement ?
Plus de deux pages dans le Littré pour ce tout petit mot qui peut avoir tout ou rien pour plaire. Le gros Petit Robert m'explique qu'il provient de vinum, liqueur de fruit en latin. Oui mais non, le vin n'est issu que du raisin ou alors je ne sais pas tout… Ah si ! Le vin de palme et puis peut-être d'autres. Oh et puis zut, je cause du vin de raisin et c'est tout.
Le vin, une foultitude de qualificatifs à donner le virou-virou bien avant d'avoir abusé du lever de coude. Tannique, aigre, pétillant, gras, doux, boisé ou pas, frais, bouqueté, j'en passe des tas, mon préféré c'est gouleyant. Gouleyant ça fait envie, une impression qu'en buvant il va se produire un petit bruit taquin dans le gosier, que ça va chatouiller légèrement, que ça va faire du bien et sourire…
Des couleurs, quatre. Avec des robes, rigolo cette histoire de robe comme pour la couleur de poil des chevaux. Des nuances fines dans chacune. Et puis parfois des bulles, des bullettes, des pétillances.
Simple à boire, compliqué à comprendre. Ma seule appréciation scientifique sur la question c'est j'aime ou j'aime pas, ça simplifie ! Et puis si j'en savais trop… un brin de mystère dans le verre, c'est joli, non ?
Une visite de cave, c'est un régal d'avant, une promesse. Ces odeurs, les explications du vigneron passionné qui travaille sa vigne, élève son vin, le bichonne et sait si bien vous alpaguer avec ses mots qui susurrent à l'oreille qu'on ne va pas tarder à s'en jeter un derrière la cravate, évidemment le vin le plus exquis que la terre ait jamais portée, oui ça exagère toujours un peu un vigneron…
Oh pas la peine d'aller chercher bien loin des bouteilles onéreuses, un bon p'tit cru du pays fait par un paysan ou une petite coopérative qui connaissent la manière suffit amplement. Dans ce beau pays de France, on a tous un p'tit cru au coin de la rue, une bonne centaine de routes des vins, pléthore de caves, châteaux, chais et autres lieux propices prêts à satisfaire tous les goûts sans ruine. Quand la bouteille est belle et l'étiquette classe, c'est encore mieux, tout baigne presque.
Presque parce que si le vin est l'élément essentiel, qualité du vin dans la jolie bouteille étiquetée proprement, le plaisir ne serait pas complet sans commensaux tout aussi bien choisis pour partager, lever les verres, faire des souhaits, raconter des blagues et se marrer en chœur. Trinquer, boire en bonne compagnie, des instants incomparables.
Je lui verrai bien un petit inconvénient au vin, il me semble que les bouteilles ont tendance à disparaître. Je m'explique, c'est tout bien rangé, couché dans un endroit sombre et frais le mieux possible, bon. A chaque fois que je me dis : "tiens, je devrais sortir celle-ci pour la venue de Machin et Truc" je descends chercher mon choix et là, bizarre doublé de mystère et boule de gomme, la bouteille pensée a disparu ! "Oh non… on l'a pas déjà bue celle-ci… bé si… zutre…". Font pas de vieux bouchons les bouteilles par chez moi quand des amis se pointent.
J'aurais peut-être dû commencer par la vigne, c'est beau à toutes les saisons la vigne. Les rangs sont photogéniques, les couleurs vives abruties de chaleur l'été, les grappes joufflues, le feuillage qui rougit d'automne. En ce moment je guette, bientôt les bourgeons tendres vont débourrer. Débourrer pour des bourgeons de vigne, ha !
Ça me fait penser à tout l'argot qui tourne autour du goulot aussi ; le pinard, la vinasse, le picrate, le rouquin, le cassule, la piquette qu'on s'envoie dans un rade, un bistrot, un mastroquet ou bien un troquet tout court. Pas fait pour les grands crus tous ces vocables populaires d'usage au temps des kils de rouge dans les musettes ; du gros rouge qui tache mais pas que, des petits crus de terroir aussi, pas prétentieux mais bien sympathiques.
Je pourrais glisser vers tous les argots pour désigner les ceusses qu'auraient tendance à un peu trop abuser, les ivrognes. Je ne glisse pas, plombage de sujet en vue.
Et puis les proverbes et puis les sacrements pour les crédules et puis les rencontres, les retrouvailles, les séparations et puis les fêtes, tout est prétexte à en ouvrir une.
Je n'ai pas su par où commencer, d'ailleurs ai-je commencé ?
Ne vaut-il pas mieux boire que faire discours de ce mot ci…
Je savais d'avance comment finir, héhé…
Si tu donnes du vin à boire à la montagne
elle danse. Vraiment, la vigne est sans défaut.
Je ne regrette pas de l'avoir pour compagne :
comment avoir, sans vin, l'éducation qu'il faut ?
Omar Khayyâm
20 mars 2012